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Dans son rapport intitulé Au possible, nous sommes tenus, la commission présidée par Martin Hirsch et chargée de travailler en 2005 sur Familles, vulnérabilité, pauvreté, constatait que l’on avait vu « pendant la même période augmenter le chômage, augmenter le nombre d’allocataires de minima sociaux et augmenter l’écart entre le revenu minimum d’insertion et le salaire minimum garanti ». Elle proposait de mettre en œuvre une mesure nouvelle, le revenu de solidarité active (Rsa). Un des objectifs premiers de la réforme, pour lutter contre la pauvreté, était d’inciter les sans-emploi à rechercher et trouver un emploi, le Rsa n’étant pas seulement un minimum social mais pouvant venir compléter de manière durable un revenu d’activité 1.
Le risque n’est pas encore bien mesuré d’une multiplication des emplois précaires pour des bénéficiaires « contraints de choisir » un emploi à temps partiel. Une forme de flexi-sécurité à la française 2.
Dans six mois, la mesure sera appliquée, après une année d’expérimentation dans une trentaine de départements. Le souhait des rédacteurs de 2005 sera-t-il réalisé pour autant ? Sur cette question complexe, Projet a fait appel à Denis Clerc, membre de la commission, qui craint la paupérisation des travailleurs, ainsi qu’à Yannick L’Horty, membre du comité d’évaluation des premières expérimentations, qui relève l’incompatibilité entre évaluation et décision politique.