Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Ambivalente mixité (introduction)


L’invocation d’une mixité sociale occulte souvent des débats que le modèle français d’intégration se garde d’aborder sur le fond. Exemples pris dans la politique de la ville, où les pratiques contredisent parfois les objectifs affichés.

Que visons-nous en proclamant le principe d’une mixité sociale ? Que cherchent les politiques publiques au nom de cet objectif ? Plus d’égalité, valeur fondatrice de notre République ? Moins de ségrégation sociale, plaie sans cesse ravivée par la montée des inégalités ? Ou bien, assurer les conditions d’un métissage social et culturel rendu inévitable par la mondialisation ?

Pour répondre à ces questions, la généalogie du mot « mixité » que propose Elise Palomares est très éclairante : elle témoigne d’une préoccupation récurrente de la politique de la ville. Emergeant sous la forme d’une revendication à une « répartition équitable du fardeau » au moment où la situation des immigrés se constituait comme problème public, en passant par la notion bien peu scientifique de « seuil de tolérance » (contemporaine de la montée du Front national), l’invocation d’une mixité sociale cache souvent des débats que le modèle français d’intégration se garde d’aborder sur le fond.

« Un processus d’euphémisation en cascade sert à légitimer la fermeture de parc de logement public à des populations immigrés ». Elise Palomares en démonte le mécanisme dans une municipalité de la région parisienne. Thomas Kirszbaum souligne comment l’absence de débat entre les élus locaux, de droite comme de gauche, et avec leurs techniciens, favorise des pratiques contraires aux dispositifs de lutte contre la ségrégation urbaine comme la loi Besson.

Dans le numéro 287 , Projet avait déjà cherché les conditions « d’une mixité heureuse ». Aujourd’hui, la mécanique de l’ethnicisation des rapports sociaux est en route. Il est urgent de donner à ce débat à la fois une profondeur axiologique et une technicité qui modifient nos pratiques.

Les plus lus

Les Marocains dans le monde

En ce qui concerne les Marocains, peut-on parler de diaspora ?On assiste à une mondialisation de plus en plus importante de la migration marocaine. On compte plus de 1,8 million de Marocains inscrits dans des consulats à l’étranger. Ils résident tout d’abord dans les pays autrefois liés avec le Maroc par des accords de main-d’œuvre (la France, la Belgique, les Pays-Bas), mais désormais aussi, dans les pays pétroliers, dans les nouveaux pays d’immigration de la façade méditerranéenne (Italie et ...

L’homme et Dieu face à la violence dans la Bible

Faut-il expurger la Bible ou y lire l'histoire d'une Alliance qui ne passe pas à côté de la violence des hommes ? Les chrétiens sont souvent gênés par les pages violentes des deux Testaments de la Bible. Regardons la Bible telle qu’elle est : un livre à l’image de la vie, plein de contradictions et d’inconséquences, d’avancées et de reflux, plein de violence aussi, qui semble prendre un malin plaisir à multiplier les images de Dieu, sans craindre de le mêler à la violence des...

Un héritage tentaculaire

Depuis les années 1970 et plus encore depuis la vague #MeToo, il est scruté, dénoncé et combattu. Mais serait-il en voie de dépassement, ce patriarcat aux contours flottants selon les sociétés ? En s’emparant du thème pour la première fois, la Revue Projet n’ignore pas l’ampleur de la question.Car le patriarcat ne se limite pas à des comportements prédateurs des hommes envers les femmes. Il constitue, bien plus, une structuration de l’humanité où pouvoir, propriété et force s’assimilent à une i...

Du même auteur

Le choix de l’hospitalité

Que l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle ne puisse plus être écartée avec certitude, en dit long sur le raidissement de la société française. Dans un tel contexte, le risque est grand que l’accueil des étrangers ne devienne, toujours davantage, un tabou. Comme si, pour paraître « responsable », il fallait donner des gages sur la fermeture de nos frontières, rivaliser dans les obstacles mis sur la route de l’exil. Laisser mourir, en mer ou dans nos rues, pour n...

Affronter les questions ultimes

La crise écologique questionne, de manière fondamentale, le destin de l’humanité sur la planète terre. Elle invite à relire les textes fondateurs de la tradition judéo-chrétienne qui sont déjà au cœur des débats contemporains. Crise, catastrophe, effondrement… Nous discutons encore des termes, de l’imminence, de la durée, de l’importance de ce qui nous attend… Les signes, pourtant, sont déjà là : cyclones, sécheresses, tensions sur les marchés des matières premières, réfugiés climatiques… : « La...

Europe : reprendre en main notre destin

Qui l’Europe actuelle fait-elle encore rêver ? En son nom, on démantèle l’État-providence sur l’autel de la dette. On prive d’horizon la moitié des jeunes de Grèce, d’Espagne ou du Portugal. On tient le registre macabre des corps en Méditerranée. En son nom, la Commission négocie un traité transatlantique qui, s’il était adopté, marquerait l’étape ultime de capture de nos souverainetés par des intérêts privés. Devant ce sombre tableau, la tentation majoritaire est à la résignation ou au repli. ...

Vous devez être connecté pour commenter cet article
Aucun commentaire, soyez le premier à réagir !
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules