Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le caractère plus ou moins juste d’une société ne s’évalue pas seulement en fonction du traitement qu’elle réserve à ses membres. Il demande de prendre en compte – dans quelle mesure, comment ? – l’accueil réservé aux hommes et femmes qui frappent à sa porte, victimes dans leur pays de violences ou d’arbitraires ou poussés par un désir de vie meilleure. Entre l’ouverture sans contrôle et la fermeture totale, moralement intolérable et politiquement irréaliste, où placer le curseur ? Sans oublier la figure biblique des Exodes, sur quels critères décider du « juste » dans cette rencontre qui est aussi épreuve ? Quelle place faire aux intérêts des pays d’origine, aux désirs des populations ? Ce sont ces questions que se sont posées les quelque 600 participants à un atelier de la 81e Semaine sociale de France (novembre 2006), sur le thème « Qu’est-ce qu’une société juste ? » Deux tables rondes autour de la loi relative à l’immigration et à l’intégration de juillet 2006, dite loi Ceseda, ont ouvert un débat, avec à la fois des militants proches des migrants et des chrétiens qui s’interrogent sur la conception de la justice que traduit cette loi. Nous reprenons ici l’essentiel des interventions à la seconde, sur les enjeux de justice et les repères éthiques dans notre conception de l’accueil. Elle réunissait Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au Ceri (Cnrs, Sciences-Po), Frédéric Tiberghien, président du Ssaé et membre de France Terre d’Asile, et Olivier Mongin, philosophe, directeur de la revue Esprit. Merci à eux trois de nous avoir permis de publier leurs propos.
Françoise Terrel-Salmon