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Les jeunes ont droit à un avenir », tel était le slogan de la Confédération étudiante lors de la manifestation du 7 février. En tout cas, ils veulent y croire, et ont décidé de se mobiliser à nouveau, avec les syndicats, le 7 mars prochain, pour obtenir le retrait du projet de loi soumis au Sénat après avoir été voté par l’Assemblée nationale.
Le Contrat première embauche (CPE) peut-il assurer l’avenir des jeunes mieux que ce qui existait jusqu’ici ? Comment le savoir puisque ce type de contrat n’a été expérimenté nulle part ? On peut en douter : nombre d’employeurs y verront une facilité d’embauche peut-être, mais surtout une facilité de licenciement. Un jeune signant un CPE contribuera à améliorer les statistiques de l’emploi, mais son statut restera précaire : malgré ce qui a été dit par le gouvernement, croit-on réellement que les banquiers et les bailleurs de logement feront confiance à un jeune titulaire d’un CPE ?
Le dossier que propose aujourd’hui Projet a été préparé indépendamment du projet de loi ! Mais il en ressort que le travail façonne l’existence des hommes et qu’il doit être reconnu à sa juste valeur. En droit, un travailleur en CDI ne peut être licencié sans motif. Un travailleur en CDD est embauché pour accomplir une mission et sait que son contrat se terminera avec celle-ci. Désormais, on prévoit un licenciement sec, sans aucune raison déclarée.Peut-on parler de contrat de travail si la responsabilité de l’entreprise n’est pas engagée et le travail reconnu ?
Nul ne peut prédire l’avenir économique du CPE. Mais il est sûr qu’avec un statut aussi discriminant, on ne donnera pas aux jeunes l’envie de s’engager dans la vie de l’entreprise et d’y faire leurs classes, accompagnés par les adultes en place.
Depuis plusieurs années, des personnalités avaient réfléchi à des solutions possibles pour faire évoluer les contrats de travail. Leurs propositions sont restées lettre morte. Ne pouvait-on prendre le temps d’y revenir et de les creuser ?
23 février
Françoise Terrel-Salmon