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Ainsi, pour éteindre l’incendie qui s’est propagé dans les banlieues, l’appel a prévalu à des dispositifs d’urgence. Il y avait le feu ! Le sentiment que la République était menacée, que les « enfants terribles » des quartiers, s’attaquant aux écoles et aux transports, étaient en train de refuser toute voie d’intégration, correspondait bien au climat de crise dans lequel s’enferme notre société. Les images données par les médias entretenaient l’émotion : chacun se voyait confronté au danger… Etait-ce pour autant une Intifada ? Ou le signe que les pouvoirs publics, et tous les lieux symboliques, étaient mis en question, que leurs paroles sonnent à vide ?
Dès lors, l’urgence, les coups de menton et les réponses sorties à la hâte, ouvrent-ils une perspective durable ?
L’état d’urgence est utilisé normalement pour faire face à une sécession ! Les mesures qu’il entraîne n’ont d’ailleurs été mises en œuvre que très modérément. Il fut surtout un affichage, un affichage ambigu, sinon dangereux ! Il a créé un précédent : le droit n’est pas si important que cela… La crise de l’autorité en est peut-être redoublée, celle qui, au quotidien, passe par la parole – entre politiques et citoyens, entre adultes et jeunes.
Et l’accumulation de dispositifs en direction des quartiers permettra-t-elle le travail patient, concerté, pour relier les banlieues à toute la société ? Les sous-préfets « à la ville » laissent place à des préfets « à l’égalité des chances » : pour mieux affirmer le refus des discriminations, comme un principe, pour répondre à la crise de l’autorité et des valeurs… Mais c’est aussi dans la « ville », dans le vivre ensemble, que les réponses durables sont à chercher.