Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
La proposition de mettre en place des « quotas » a cristallisé les débats sur la politique française d’ouverture ou de fermeture des frontières. Le système actuel repose sur l’interdiction presque totale de l’immigration de travail. Le ministre de l’Intérieur plaide pour une immigration « choisie » qui réponde à des besoins identifiés de notre économie : « 5 %, actuellement, des flux migratoires, contre 95 % de l’immigration dite de droit – l’immigration familiale et l’asile. » Ce serait une alternative assumée, qui romprait avec un combat toujours dépassé face à des demandes croissantes venues du Sud.
Mais derrière les mots, il y a peut-être aussi des arrière-pensées : celles de limites mises à l’immigration familiale comme à l’accueil des réfugiés, auxquels les quotas seront opposables. Ceux-ci d’ailleurs risquent d’être une réponse abstraite : la définition à l’avance du nombre des entrées correspondra-t-elle à la réalité des besoins d’emplois modulables ?
La montée d’autres voies d’immigration illustre au contraire les effets d’une mobilité aujourd’hui bloquée : celle de travailleurs qui ne sont pas assurés de pouvoir revenir en France. La liberté de circulation donnée progressivement aux citoyens de l’Europe de l’Est ne s’est-elle pas traduite par une immigration pendulaire, au bénéfice des pays d’origine comme des pays d’accueil, favorisant une sortie de la clandestinité, ouvrant d’autres formes de coopération et d’insertion ?
Bertrand Cassaigne