Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Le Ceras, centenaire, interroge son histoire et ses pratiques pour renouveler son orientation. En Turquie, de nouveaux réformistes musulmans entendent concilier fidélité à leur tradition et intégration à la modernité occidentale. Simon Wuhl cherche à rénover le système d’intégration franco-républicain en pensant à frais nouveaux la référence fondatrice à l’égalité.
Ces démarches, pour une part, entrent en résonance avec les volontés de réforme affichées dans la société française. Des socialistes ont brandi leur identité de « réformistes de gauche ». Jacques Chirac rappelle :
« La seule attitude possible, c’est le mouvement, l’ouverture d’esprit, l’adaptation au monde ».
Toute contestation serait aussi dérisoire que superflue car la réforme se prétend comme la seule fidélité possible au passé au point que, comme le souligne
O. Pamuk pour la Turquie, « tout le monde doit pouvoir y trouver son compte ».
Ainsi, à redire que la réforme nécessite négociation et consensus, on laisse accroire qu’elle n’a besoin que d’une lente maturation pour apparaître comme une évidence. La réforme relève alors plus du bon sens que de la politique. Or si la réforme est un vrai choix, elle obéit à une orientation politique à nommer, elle est le fruit d’un rapport de forces à reconnaître. Contre la violence des évidences, il est bon et urgent de faire de la politique, au-delà des conformismes, à partir de lieux d’initiatives et de réflexions comme ceux auxquels ce cahier veut donner figure.