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Dossier : François, la fraternité sans frontières ?

Parabole subversive Le bon Samaritain

Le bon Samaritain par Maximilien Luce, 1896. CC/Christie's
Le bon Samaritain par Maximilien Luce, 1896. CC/Christie's

« Qui est mon prochain ? » La parabole du bon Samaritain invite les chrétiens à se poser cette question centrale et difficile. Si l’interprétation du pape François appelle à une fraternité universelle, d’autres estiment qu’elle ne saurait s’appliquer aux États.


La place donnée à la parabole du bon Samaritain par le pape François ne se réduit pas au deuxième chapitre de l’encyclique Fratelli tutti, où il en développe un commentaire circonstancié. En réalité, elle inspire toute l’encyclique comme une attitude fondamentale qui « peut interpeller chacun d’entre nous », croyant ou non (56)1, et doit alimenter toutes nos décisions concernant le rapport à l’autre dans sa différence ou sa détresse. « La parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine » (68).

De même, le pape précise en dénonçant « diverses formes de nationalismes, fondés sur le repli sur soi et violents, des attitudes xénophobes, le mépris, voire les mauvais traitements à l’égard de ceux qui sont différents » (86). Mais avant d’en venir aux conséquences de cette parabole, examinons sa signification.

Pour répondre à la question du légiste qui lui demande « Qui est mon prochain ? », Jésus raconte une histoire. Tombé aux mains de brigands, un homme était laissé à demi mort. Par hasard, un prêtre passait par là, et, quand il le vit, traversa pour l’éviter. De même, un lévite passa son chemin. « Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Il s’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui » (Luc 10,33-34).

L’histoire de la réception de cette parabole montre comment elle fut l’objet de différents points d’insistance.

L’histoire de la réception de ce texte dans la tradition chrétienne montre comment il fut l’objet de différents points d’insistance. Les premières interprétations des Pères de l’Église sont allégoriques : comme l’homme tombé entre les mains des voleurs, Adam est tombé au pouvoir du mal et le Christ, comme le Samaritain, est venu pour le guérir et le sauver. « Depuis Marcion et Irénée, à travers tout le Moyen Âge et la période de la Réforme, jusqu’au XIXe siècle, cette histoire a souvent reçu une explication christologique (le Christ est le bon Samaritain) et ecclésiologique (l’auberge est l’Église).2 » La parabole illustre alors la miséricorde de Dieu à l’égard de son peuple souffrant, bonté incarnée par le Christ, comme le montrent les vitraux des cathédrales de Sens, Bourges et Chartres qui racontent l’histoire du salut.

« Va et fais de même »

Mais d’autres interprétations sont également bien présentes, déjà chez Origène et Augustin, et plus particulièrement à partir des Réformes catholique et protestante, qui insistent sur la dimension éthique de la parabole et l’appel adressé à chacun d’exercer la miséricorde. Les artistes comme Rembrandt en sont témoins, tout comme les peintures et fresques qui garnissent les murs des nombreuses institutions de charité (hospices, Hôtels-Dieu, accueils des pèlerins…).

L’exégète François Bovon rappelle même que dans les bibles de cette période, le prêtre et le lévite sont représentés comme des moines, lisant leur bréviaire, et il arrive que le Samaritain ait le visage d’un Turc, l’ennemi du moment. La parabole, en effet, se termine par l’exhortation de Jésus adressée au légiste : « Va et fais de même » (v. 37). Cette conclusion est importante car, en dernière analyse, elle concerne l’accès à la vie éternelle qui était la question première du légiste.

La tradition théologique interprète le texte comme une exigence à changer de regard et de comportement.

La tradition théologique a donc interprété cette parabole dans le sens d’une exigence à changer de regard et de comportement et à exercer la miséricorde. La question initiale du légiste était : « Qui est mon prochain ? » La question que Jésus pose à la fin est : « Lequel de ces trois, à ton avis, s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » (v. 36). Le renversement indique qu’il ne s’agit plus de délimiter les frontières du prochain mais de devenir prochain de l’homme blessé. Comme le souligne le pape François, Jésus « nous exhorte à laisser de côté toutes les différences et, face à la souffrance, à devenir proche de toute personne » (81).

Plutôt qu’une catégorie nominale englobant certaines personnes et en excluant d’autres, le mot « prochain » devient adverbial et désigne un agir miséricordieux : « devenir prochain », « agir en prochain ». Loin de s’opposer à l’interprétation christologique, l’interprétation éthique lui est corrélée. Il s’agit d’être miséricordieux comme Dieu est miséricordieux (cf. Lc 6, 36). Le « devenir proche » est une imitation de l’attitude du Christ qui s’est fait proche de nous pour guérir et sauver. Ici, spiritualité et engagement vont de pair.

Conversion du regard

Comme toutes les paraboles, celle du bon Samaritain nous bouscule et il vaut la peine de regarder de plus près en quoi consiste cette manière d’agir. L’attitude du Samaritain commence par une perception ajustée de la réalité – celle d’un homme en détresse – et il se laisse affecter par cette situation. Comme le souligne le théologien William Spohn, la perception – les lunettes avec lesquelles nous regardons la réalité – conditionne de manière essentielle la façon dont nous allons agir. Si, dans une circonstance donnée, nous ne voyons pas qu’il est question d’injustice ou de respect de la dignité des personnes, si nous sommes rendus insensibles à la souffrance, notre sens moral ne sera pas sollicité et nous ne ferons rien.

La parabole est ainsi un « paradigme classique de la perception et de la cécité3 ». Elle bouscule nos perceptions ordinaires, bien souvent limitées aux frontières de ce que nous connaissons ou aimons, et dévoile ce qui nous empêche de voir : la peur d’être dépassé par la situation, la résistance vis-à-vis du dérangement, l’indifférence ou la lassitude face à des images de détresse, l’idéologie, le jugement a priori sur la situation des personnes démunies…

La parabole nous incite à dépasser nos solidarités immédiates pour nous rendre sensibles à tout homme blessé. 

Dans le cas du prêtre et du lévite, il est probable que leur vision est occultée par les règles juives de pureté, qui les empêchent de toucher un cadavre ou un homme apparemment mort. Souillés, ils ne pourraient plus rendre de service au Temple pour un temps (cf. Lv 21 ou Nb 19). Mais il faut remarquer que Jésus conteste précisément ces règles de pureté, notamment lorsqu’il touche un lépreux pour le guérir (Mc 1,40-45), lorsqu’il mange avec les pécheurs (Mt 9,10) ou qu’il déclare purs tous les aliments (Mc 7,19).

Ainsi, la parabole nous ouvre à un regard qui dépasse les frontières de nos solidarités immédiates pour nous rendre sensibles à tout homme blessé et tenter d’y porter remède. Comme dit le pape François, « pour donner à notre capacité d’aimer une dimension universelle capable de surmonter tous les préjugés, toutes les barrières historiques ou culturelles, tous les intérêts mesquins » (83). Dès lors, quelle est notre perception des migrants et des réfugiés ? Nos politiques, qui sont largement conditionnées par nos imaginaires sociaux, n’en sont-elles pas affectées ?

Impact politique

Contrairement à ce qu’estiment les philosophes Pierre Manent et Rémi Brague, la parabole ne saurait se limiter à la sphère strictement individuelle4. Mais quelle peut en être la portée sociale et politique, celle que la tradition de l’Église catholique, reprise par le pape, veut mettre en avant ? Plusieurs réponses peuvent être apportées.

La vision (et la fraternité) universelle à laquelle nous invite le bon Samaritain est d’abord ajustée à la globalisation des questions politiques auxquelles nous avons à faire face. La sauvegarde de la maison commune, la lutte contre la pandémie, le souci de remédier aux inégalités et à la pauvreté, la gestion de la question migratoire, la recherche de la paix, le dialogue entre les cultures et les religions… Tout cela nécessite une entente internationale qui suppose cette reconnaissance de la dignité de toute personne comme un frère ou une sœur en humanité.

François le souligne : « Il nous faut constituer un “nous” qui habite la Maison commune » (17), une vision du « monde ouvert », qui reconnaisse la légitimité des nations, mais dépasse le « monde fermé » des seuls intérêts particuliers. Sa position reste équilibrée et il ne défend pas, comme le prétend Pierre Manent5, « le droit des migrants d’accéder aux pays où ils souhaitent vivre et donc l’obligation pour nos nations de les accueillir ».

Dans la continuité de l’enseignement social de l’Église, le pape va à la racine de la vie sociale et politique. 

Plus profondément, cette attitude samaritaine ne désigne pas tant un rappel moral qu’un « principe élémentaire de la vie sociale » (106) et une « caractéristique de l’être humain » (68). C’est dans une parfaite continuité avec l’enseignement social de l’Église6 que le pape va à la racine de la vie sociale et politique. Face à l’individualisme, aux égoïsmes partisans, aux provincialismes étriqués, il rappelle que nous sommes structurellement des êtres de relation et que l’amitié sociale est essentielle à toute vie en société. La parabole est une « icône » de notre condition qui rejoint à la fois notre vulnérabilité d’humain, en demande d’aide, et notre capacité à porter secours, à être frère et sœur dans le soin et la « sortie de soi-même ».

Aussi bien, concernant l’accueil des migrants, Fratelli tutti déploie les harmoniques de cette fraternité sans frontière. Le pape insiste d’abord sur le regard (la perception) à porter sur la situation et les raisons de ces migrations (guerres, persécutions, catastrophes, désir d’une vie meilleure et digne…) et les obstacles qui nous empêchent de les voir comme des personnes (racisme, xénophobie, peur, écart culturel, intérêts propres, nationalisme étriqué…) (37-41). Nous avons à laisser retentir cette réalité en nous : « À qui nous identifions-nous ? » (64). Par ailleurs, l’autre, dans sa différence même, est un don et l’échange avec lui est source de fécondité insoupçonnée. Dans la rencontre véritable, l’autre me révèle à moi-même. Identité et fraternité vont ensemble.

Contre les frontières ?

Mais le pape actuel ne va-t-il pas trop loin, véhiculant « une morale éthérée » qui promeut l’abolition des frontières, comme l’affirme la philosophe Chantal Delsol7 ? Nullement, si l’on considère la dynamique de l’encyclique dans son ensemble. Le chapitre IV, « Un cœur ouvert au monde », qui traite de la question plus concrète et politique de l’accueil des migrants et de la rencontre des cultures et des peuples, est en fait bâti sur une série d’oppositions apparentes qu’il s’agit de dépasser en tensions fécondes.

Particularité et universalité, globalisation et localisation sont à penser ensemble.

Le pape ne plaide pas pour une suppression des frontières ; il est conscient qu’il s’agit de trouver « le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants » (40). Depuis le début de son pontificat, François a insisté sur l’importance au sein de la mondialisation présente de l’appartenance culturelle à un « peuple » et sur la nécessité de retrouver les racines historiques et culturelles de chaque nation (notamment dans Querida Amazonia, 2020). Il souligne ainsi l’articulation nécessaire entre le respect « des différences religieuses et culturelles » et la « consolidation des droits généraux et communs » (136).

Mais, dans la tension entre l’identité de chacun et l’ouverture à l’autre, ce qui est vrai au niveau de l’individu l’est aussi au niveau des cultures, des pays, des institutions. Particularité et universalité, globalisation et localisation sont à penser ensemble (142). Le pape insiste sur cette double nécessité : être enraciné dans sa propre culture pour pouvoir accueillir l’autre, s’ouvrir à l’universel pour trouver son identité réelle et authentique. Les autres, dit le pape, sont « constitutivement nécessaires pour la construction d’une vie épanouie » (150). C’est pourquoi la rencontre des cultures peut être vécue comme un don. Ici encore, identité et fraternité se conjuguent.

En fait, la dynamique de « l’amitié sociale » doit être vécue de manière authentique au sein de chaque peuple, de chaque nation. Loin du populisme, le vrai sens du « peuple » suppose déjà cette ouverture à l’autre différent, et en particulier aux pauvres, sans quoi la communauté nationale ne pourrait que s’étioler. Mais François rappelle que cette dynamique propre à chaque ville, à chaque nation, demande de s’ouvrir à l’universel.

La parabole du bon Samaritain est fondamentalement un appel à vivre en prochain au plan social et politique.

L’universalisme dont il s’agit n’est donc pas « autoritaire et abstrait » (100), visant à homogénéiser, détruire les particularités ou mépriser son peuple. Il s’agit bien de s’ouvrir à l’humanité de chaque personne et d’élargir « mon cercle, [afin] de rejoindre ceux que je ne considère pas spontanément comme faisant partie de mon centre d’intérêt » (97). La dignité des personnes et la recherche de notre identité vraie ne s’arrêtent pas aux frontières des États. Si les frontières sont nécessaires, elles sont aussi faites pour être traversées.

En définitive, face à la situation présente où menace l’enfermement mortifère du soi et des nations, le pape plaide pour la sortie de soi et l’ouverture à l’autre, quelle que soit son origine. L’appel à la fraternité universelle figurée par le Samaritain n’est pas tant une exhortation morale qu’un principe existentiel et social à haute portée politique. Aucune société ne peut vivre si elle n’intègre pas dans sa culture et ses règles juridiques une sorte de générosité qui ne saurait s’expliquer par un simple calcul social. Un tel « amour politique » suppose assurément une conversion qui prend du temps, c’est pourquoi le pape s’attache à promouvoir des « processus » où règnent le « dialogue » et le respect.

On ne saurait donc limiter la parabole du bon Samaritain à une simple exigence de charité individuelle et facultative. Elle est fondamentalement un appel à vivre en prochain au plan social et politique. Comme le disait Martin Luther King à Riverside Church (New York) en commentant la parabole du bon Samaritain en 1967, la compassion ne consiste pas seulement à prendre soin de l’homme battu en chemin par des voleurs, mais à s’assurer que la route de Jéricho soit plus sûre pour tous. Il s’agit non seulement de donner aux mendiants, mais de restructurer l’édifice social qui produit de tels mendiants.

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1 Les parenthèses renvoient aux paragraphes de l’encyclique du pape François, Fratelli tutti (Tous frères), 2020.

2 François Bovon, L’Évangile selon saint Luc (9,51-14,35), Labor et Fides, vol. 2, 1996.

3 William C. Spohn, Jésus et l’éthique. Va et fais de même, Lessius, 2010.

4 Voir Pierre Manent, « Qui est le “bon Samaritain” ? », Commentaire n° 172, hiver 2020 ; et Rémi Brague, « Non, la parabole du bon Samaritain ne s’applique pas aux États ! », FigaroVox, septembre 2017.

5 Pierre Manent, « Le rôle de l’Église est d’accompagner la nation », France catholique, p. 13, 25 juin 2021.

6 Voir notamment l’encyclique Caritas in veritate du pape Benoît XVI, 2009.

7 Chantal Delsol, « Un pape contre les frontières et contre l’Occident », Front populaire, n° 4, mars 2021.


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2 réactions pour « Parabole subversive »

Lecteur Anonyme
12 April 2022

Merci de montrer que notre pape a un discours plus équilibré qu'on ne le dit. Pourtant, je n'arrive pas à comprendre votre conclusion.
Je lis : "être enraciné dans sa propre culture pour pouvoir accueillir l’autre, s’ouvrir à l’universel pour trouver son identité réelle et authentique."
Si l'on est pas enraciné dans sa propre culture, on ne peut donc pas accueillir l'autre convenablement, voire risquer d'éliminer les vestiges qui restent.
Pour ma part, si je suis le pape, et si je regarde l'état de la culture européenne, effectivement, j'en arrive à penser que l'accueil ne peut se faire qu'à proportion de l'enracinement.
Or les deux discours dominants actuellement sont le replis sur soi, et l'ouverture sans mesure.
Au fond, si l'Occident chrétien disparait, cela ne sera pas la fin du monde. La terre de Saint Augustin est aujourd'hui une terre musulmane.
Le problème, c'est l'amour de nos terre, comme l'amour de notre famille. Sur ce sujet, le Seigneur ne nous invite-t-il pas à tout quitter pour le suivre ? Mais c'est une invitation, on ne peut pas imposer à une nation de le suivre, c'est à ses membres de le faire en conscience. Moi je ne suis pas (encore ?) prêt à le demander, je suis trop attaché à mes racines, à mon histoire, et donc je comprends parfaitement ce qui habite le fond de ceux qui tombent dans la peur de l'autre. Je ne les jugerais pas.

SERGE ADAM
02 December 2021

Déjà
Ivan Illich fait cette même exégèse du bon Samaritain : un grand penseur chrétien, prêtre-sociologue et historien médiéviste

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