Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Oui, les injustices aggravées dans un monde de plus en plus compétitif sont pour nous une préoccupation permanente. « Ce n’est pas juste » (novembre 2005), « Le logement social » (septembre 2006), « Jeunes vers l’emploi » (janvier 2007), sans parler des articles sur les banlieues, sur les associations, sur les gens du voyage, de plusieurs manières, les dossiers de Projet nous ont engagés à interroger des logiques qui risquent de travestir en mensonge le don du vivre ensemble.
Aussi bien sommes-nous – comme d’autres – alertés aujourd’hui par la tentation récurrente de faire porter sur les politiques sociales le poids d’un plan de rigueur qui ne dit pas son nom. Pourquoi les économies nécessaires portent-elles toujours sur les plus fragiles ? L’assurance-chômage, dont on veut durcir les règles, est aujourd’hui une cible. Il y a quelques mois, nous nous interrogions sur la suite qui serait donnée aux expérimentations du revenu social d'activité (RSA). Si Martin Hirsch vient d’annoncer que 8000 contrats ont été signés, il a reconnu aussi que le budget prévu pour son extension en 2009 est insuffisant. Le RSA demeurera sans doute longtemps expérimental puisque le Président de la République a annoncé le 8 avril que cette mesure serait « calibrée en fonction des disponibilités financières ».
Après avoir reconnu que les caisses sont vides, il est normal que le gouvernement rappelle que l’Etat ne peut pas tout payer. Mais la relance qu’espérait accompagner le « paquet fiscal » de 2007 n’est pas au rendez-vous. Est-ce aux politiques sociales – aide au logement et à l’emploi, dépenses de retraite – de servir de variable d’ajustement, encourageant notre propension à choisir le plus facile, c’est-à-dire à soutenir les forts au lieu de protéger les faibles ? Certaines catégories sociales ont la possibilité de faire entendre leurs voix – les taxis, les associations familiales… Mais quel poids pèse la protestation des exclus ? N’encourage-t-on pas un état d’esprit, dont témoigne aussi la lenteur à mettre en application la loi handicap votée il y a trois ans, qui traduit notre individualisme collectif et assure la pérennité des inégalités ?
17 avril 2008