Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Pour commencer l’année 2008, formons des vœux d'espoir pour un meilleur état du monde et aussi pour le rôle constructif qu'y tiendront la France et l'Europe. La signature du traité de Lisbonne, le 13 décembre, est une bonne nouvelle pour ceux qui veulent voir avancer l'Europe : il marque la relance de la construction de l’Union.
Destiné à remplacer le Traité constitutionnel européen rejeté par les Français et les Néerlandais, il n'a pas vraiment gagné en lisibilité ; et sa ratification à venir par le Parlement français est un moyen certes plus sûr que le référendum, mais pas forcément plus démocratique. Quoi qu'il en soit, ce traité ouvre une étape : l'Europe politique se dote de moyens de fonctionner, avec entre autres de nouvelles règles de prise de décision et la nomination d'un haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité – même s'il reste des progrès à faire pour que les diplomaties nationales travaillent ensemble et avec lui.
Parmi les 27 Etats membres, les visions demeurent diverses ! Cependant, l'adoption de la Charte des droits fondamentaux, la veille de la signature du traité, engage presque tous les Etats membres. Le concept de flexisécurité, étudié dans ce numéro de Projet, a été adopté lui aussi, traduisant la volonté de répondre aux « non » au référendum. C'est un premier pas timide vers l'Europe sociale qui doit progresser davantage. Enfin, face au Sud, la proposition avancée par la France d'une Union méditerranéenne (voir notre dossier « Euroméditerranée ») pourrait être une manière de laisser la Turquie hors de l'Europe. Mais en même temps, cette dernière a pu ouvrir à Bruxelles de nouveaux chapitres de négociations en vue d’une adhésion.
Pour que l'Europe financière avance (l'intervention de la BCE face à la crise des subprimes est significative), pour que l'Union n'apparaisse pas comme une forteresse inquiète face aux assauts de la concurrence économique ou des candidats à l'immigration, des efforts seront nécessaires. Avec l'aide des partenaires proches de la France, ils sont possibles. Face aux défis du monde, l’Europe des 27 est appelée à faire preuve d'imagination et d'audace.
20 décembre 2007