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Chaque semaine, sur chacune des grandes chaînes de télévision, nous voyons les mêmes hommes politiques partager une émission et nous tenir chaque fois le même discours… A quel degré de saturation allons-nous arriver dans deux mois ? Nous aurons au moins appris par cœur les promesses faites par ceux qui ne seront peut-être pas candidats, empêchés par l’exigence du nombre des signatures de maires. Des « petits » candidats qui peuvent apparaître plus francs dans leurs discours, plus vrais que les vedettes de cette campagne électorale qui a pris son régime de croisière.
Pourquoi cette apparence de plus grande vérité ? La question est grave car c’est justement une des vedettes qui sera élue, et les petits candidats le savent bien, qui peuvent promettre la lune puisqu’ils n’ont pas la moindre chance, ni sans doute l’envie, de gouverner. Mais la démocratie exige-t-elle des promesses multipliées, sinon mensongères, faites à l’électorat ? Pourquoi laisse-t-on les Français sélectionnés pour la télévision interroger une personne présidentiable comme si elle était une assistante sociale ou un DRH ? A force de vouloir rapprocher les candidats de leurs électeurs, on rabaisse la politique au niveau des besoins, voire des égoïsmes de chacun.
Cependant, les politiques croient en ce qu’ils veulent pour les Français (plus de travail et de libéralisme, ou plus d’efficacité et de solidarité) et croient en ce qu’ils font ; comment agir, d’ailleurs, si l’on ne peut plus croire ? Et nous, citoyens électeurs, ne regrettons pas la tenue nouvelle de ces débats, et dépassons l’impression de populisme qu’ils nous laissent. Alors que la désaffection vis-à-vis du politique résulte de la distance entre le discours électoral et la réalité, on veut croire non au détail des promesses, mais à l’engagement des candidats pour un objectif commun et à la nouvelle relation qu'ils tissent avec leurs électeurs. Si l’on y croit, on peut choisir son candidat.
21 février 2007
Françoise Terrel-Salmon