Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Avec l'automne, la période s'ouvre d'une pré-campagne électorale dont il faut souhaiter qu'elle dépasse les slogans. Par-delà les querelles de personnes à droite comme à gauche, les questions qui vont occuper le débat sont-elles les plus importantes ?
Parmi d'autres, la justice représente un enjeu significatif pour la façon dont une société pense son rapport à la sécurité et au droit. Il y a un an ont été traduits en justice des jeunes, parfois mineurs, qui avaient brûlé des voitures ; pour quel résultat ? Et aujourd'hui, le gouvernement tergiverse à la perspective de réformer en profondeur le système judiciaire.
Pour remédier aux problèmes des banlieues que les « émeutes » de début novembre 2005 ont exprimés violemment, des mesures ont été prises, mais rien n'a évolué sur le fond et les relations demeurent tendues avec toutes les institutions policières. Tout le « cahier » de ce numéro rend compte d'une journée organisée avec des acteurs de terrain. Le diagnostic est presque unanime : la violence ordinaire est toujours là, dont les adolescents sont à la fois auteurs et victimes. Les efforts d'éducateurs pour impliquer tous les acteurs, dont les jeunes et les familles, sont aussi remarquables que peu productifs, tant qu'ils demeurent isolés. Même si les aspects financiers tiennent une place importante, quelques subventions supplémentaires ne suffiront jamais à reconnecter le pays avec ses cités. Les banlieues ont besoin d'activités économiques, de transports efficaces, de commerces vivants et… de balayeurs de rues, de même qu'elles ont besoin d'habitants motivés et responsables. Une révision de la politique de la ville, qui implique bien sûr des crédits, serait plus efficace que des visites éclair de ministres. C'est la politique qu'il faut changer, ses discours, mais aussi ses actes, afin que les populations des banlieues cessent de se sentir exclues ou soupçonnées.
En politique aussi, le respect commence par l'écoute de l'autre, pour reconnaître sa différence. La campagne présidentielle pourrait être l'occasion pour les politiques de se connecter avec les Français des banlieues et de les écouter, si ces derniers aussi sont prêts à engager le dialogue.
Françoise Terrel-Salmon, le 26 octobre 2006.