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Dès le premier moment, j’ai eu l’impression d’un de ces dialogues sociaux perturbés dont nous avons le secret. Avec accusations mutuelles de mensonge, contre-mensonge, surdité, négociation refusée. Aspects pénibles quand on sait qu’il y va de problèmes réels ne se résolvant ni par l’aveuglement ni par le passage en force. C’est s’aveugler que d’ignorer qu’on devra longtemps concurrencer de grandes économies à salaires plus faibles. Et c’est s’aveugler que d’attendre qu’avec les CDI traditionnels, même corrigés d’« alternance », on relancera l’embauche des jeunes. Mais c’est jouer au hussard que de laisser entendre qu’en tout cas la caravane passera. Dans une première étape, elle est passée. Le Premier ministre a pour lui qu’il est difficile de compter sur la « croissance-qui-va-revenir ». Mais que sera la suite ? Et pourquoi faut-il que notre République fonctionne ainsi ?
Deuxième point : on a sacrifié à un autre combat, au fond celui de la Présidence. Pour D. de Villepin, il semblait propice de « livrer bataille » ici. Fr. Hollande, lui, se réjouissait d’obliger D. de Villepin à se découvrir (il ne s’était pas trop compromis dans le « libéralisme », il fallait l’y forcer). L’affaire du CPE coupait aussi l’herbe sous les pieds à N. Sarkozy. Or, dans notre système, il faut évidemment du conflit, des «explications » : de la concurrence au moins – mais n’est-elle pas trop exaspérée ? Personne n’a la garantie d’entraîner plus d’emploi. Personne n’est sûr d’avoir mieux à offrir. Si on faisait ensemble l’expérience, quitte à se fixer un délai de réexamen ! On changerait l’atmosphère.
22 février Jean-Yves Calvez