Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Ce mois de septembre 2004, les Semaines sociales fêtent leur centenaire. Au début du 20e siècle, de nombreuses initiatives voient le jour, ouvrant aux chrétiens des espaces d’expression et d’action pour mieux situer leur présence et leurs critiques dans une société en pleine transformation. Le « catholicisme social » va prendre une nouvelle ampleur.
D’une certaine manière, la question sociale prend le relais d’une vision du politique bousculée par la République naissante : 1905 verra la difficile consécration de la laïcité, contre la revendication de l’Eglise d’une orientation morale et religieuse du politique. Mais les interrogations face au libéralisme démocratique se reportent sur le triomphe du libéralisme économique. La révolution industrielle laisse des traces profondes : urbanisation, naissance d’une classe ouvrière… Comment humaniser ce monde où dominent les logiques de production ?
La création d’associations, de mutuelles, de syndicats, d’œuvres sociales veut répondre aux défis nouveaux. Un immense travail de réflexion l’accompagne, à l’occasion de rassemblements (les Semaines…). L’Action populaire – ancêtre du Ceras – soutient ce travail : la Revue de l’Action populaire ( Projet, aujourd’hui) est lancée en 1908. D’autres publications contribuent à la formation des militants. Ce foisonnement, dans d’autres pays d’Europe aussi, liant recherche et engagement, fécondera l’enseignement social.
Aujourd’hui, l’invitation est relancée aux chrétiens de réhabiliter le politique. Comme si, après un siècle de rapports difficiles, les valeurs chrétiennes renouaient le dialogue avec celles de la République. Les chrétiens n’ont pas déserté les responsabilités dans la Cité. Mais, dans une époque d’assèchement des valeurs, ils ont une parole à dire. Les questions sociales ne sont pas à côté, appelant des réponses techniques ou de suppléance. Elles portent des enjeux de justice, d’ouverture de frontières, de création d’espaces partagés. Elles sont celles de l’avenir de la société toute entière, elles sont pleinement politiques.