Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Les Antilles furent déjà au carrefour d’une première mondialisation. Elles peinent à trouver aujourd’hui une nouvelle identité dans le processus de la globalisation contemporaine. Parmi elles, Projet a pris l’exemple de la Guadeloupe. Peut-elle vivre une autonomie tout en étant reliée ? Vivre des relations avec la métropole au sein d’une Europe en voie d’élargissement, et avec des voisins de l’Amérique qui sont des concurrents économiques ? Tout ne peut se jouer dans la continuité, une difficile rupture, instauratrice d’un avenir, sera nécessaire.
D’une certaine manière, les défis économiques, culturels et politiques présentent des analogies. La sortie d’une économie de plantation, survenue dans les années 80, ne résoud aucune question du devenir économique : les productions locales sont menacées par la concurrence, les voies d’une diversification sont à explorer. La créolité se présente comme un vecteur de créativité : elle dit à la fois une mémoire, une histoire douloureuse de domination, et une volonté de s’inscrire dans un passage entre plusieurs terres, plusieurs affiliations. Contribuera-t-elle à l’émergence d’une autonomie politique ? Cela passera par un renouvellement des élites politiques, récemment désavouées lors du référendum régional. Reste à ce mouvement de fronde à se muer en un véritable projet, qui conjugue identité et modernité.