Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.
Curieux anniversaire, relevé dans une éphéméride estivale en manque d’actualité : les dix ans de l’entrée du navigateur Netscape au Nasdaq, le marché boursier américain spécialisé dans les technologies. Le navigateur, très vite talonné par Internet Explorer, a rendu le web accessible en quelques clics... En dix ans, la « toile », simple à la fois d’usage et d’accès, a emménagé dans notre quotidien, engendrant de profonds déplacements culturels. Un exemple ? Le référendum sur la Constitution européenne. C’est sur le Net que « ça » se passait. Joutes internautiques. Listes d’arguments et de contre-arguments forwardés et (Re :) forwardés de réseaux en réseaux, des collègues aux cousins, des cousins aux parents d’élèves… Avec à la clé le « syndrome Etienne Chouard », cet enseignant dont le site perso sympa, mais lambda, avec ses pages « Europe », « famille » et « parapente », est devenue la référence « noniste » de beaucoup. Avatar de la crise du principe d’autorité, le Net nivelle toutes les prises de parole qui n’ont plus besoin ni du statut qu’apporte la fonction, ni de l’appui d’une institution pour asseoir leur légitimité. Pourtant, ce débat politique n’avait rien de virtuel ! Il y a là un apprentissage à entreprendre – celui la culture qui arrive –, plus qu’un raz de marée impossible à endiguer. Le Net fonctionne sans doute comme une allégorie de la démocratisation de notre société, dont il nous faut réinventer la dimension institutionnelle.
A vos souris.