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Européen engagé


A la base de la construction européenne, la réconciliation franco-allemande. Jean Weydert, alors jeune jésuite, l’expérimenta concrètement en travaillant dès 1946 auprès du père Jean du Rivau, à Offenburg, à la revue Documents. Deux engagements auxquels il restera fidèle : l’Europe et la publication de revues. Nommé à Vanves, à l’Action populaire, il continuera à collaborer au Bild (Bureau international de liaison et de documentation). Et quand, en 2001, il recevra les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur au titre de son engagement européen, c’est Joseph Rovan, successeur du père du Rivau, qui les lui remettra.

De 1960 à 1981, il dirige en effet l’Ocipe : une action de longue haleine, à Strasbourg puis à Bruxelles ; une action de contacts et de rapprochement des personnes, d’approfondissement et de recherche de solutions pour les difficultés que rencontrait le projet européen ; une action d’organisation de manifestations, ces « réalisations concrètes, créant une solidarité de fait » selon les fameuses paroles de Robert Schuman, le 9 mai 1950.

Avec quels moyens ? Une revue, bien sûr, La Lettre de l’Ocipe (devenue en 1978 Objectif Europe) : plus d’une centaine de numéros, témoignant au fil du temps à la fois de la constitution progressive d’une Communauté économique et sociale et des prémices d’une Union politique. Mais aussi de très nombreux colloques et manifestations dont Jean Weydert fut l’inspirateur et l’organisateur entre 1963 et 1981, très souvent organisés avec le Centre œcuménique des protestants à Bruxelles (selon lui, c’est en travaillant en union les uns avec les autres que les chrétiens de différentes traditions peuvent aider au projet européen). Plusieurs thèmes reviennent régulièrement : formation des jeunes, pays en voie de développement, dimension sociale, emploi et, bien sûr, immigration. Deux sujets firent l’objet d’une attention particulière dans les années 60 : les reconversions industrielles (déjà !) et la formation professionnelle.

Jean Weydert a fait de l’Ocipe une réelle organisation européenne au service de l’Église, en lien étroit avec les institutions européennes. Il ouvre en 1963 un bureau à Bruxelles. En mai 1967, un accord est signé entre la Conférence des Organisations internationales catholiques et l’Ocipe qui se charge de leur coordination pour leur présence active auprès des institutions européennes. Une fois l’Ocipe quitté, Jean Weydert continua à suivre de près la riche actualité européenne des années 80 et 90.

En passant en revue les sujets traités dans toutes les rencontres de l’Ocipe, on retrouve les thèmes prioritaires que Jean Weydert a voulu faire avancer au sein de la construction européenne : la place des citoyens et leur participation à ce grand projet politique, la concrétisation de l’enseignement social chrétien, l’œcuménisme, la place et l’avenir des jeunes, la découverte interculturelle par les échanges et les recherches communes, le développement des organisations internationales et mondiales, les immigrés et réfugiés, les droits de l’homme, la recherche de l’ordre juste, enfin le souci du développement du continent africain.

Plus que toute autre considération, sur l’Europe comme dans ses autres engagements, son souci principal était celui de la personne. Son dernier article dans Objectif Europe, en décembre 1981, se terminait par cette phrase : « Là encore, le point de vue humain doit l’emporter sur les froids calculs d’intérêt ou sur les arguties juridiques ». Tel était bien le sens de son engagement européen, tel doit être le sens de tout projet politique.

Laurent Grégoire,

Président de l’Ocipe

Quelques éléments de la bibliographie de Jean Weydert sur l’Europe :
• Dix articles, dans Documents, n° 1/1950, 3/1950, 2/1951, 8/1956, 12/1956, 5/1962, 5/1966, 6/1967, 3/1999, et dans Dokumente, IV/1986
•Editoriaux et très nombreux articles dans La Lettre de l’Ocipe, depuis le n° 6, décembre 1960, jusqu’au n° 15 d’Objectif Europe, décembre 1981
•« Fondements de l’union européenne » (2 parties), La Lettre de l’Ocipe, n° 31, 1965, pp. 50 à 53, et n° 32, 1965, pp. 62 à 65
•« Une nouvelle étape de l’Ocipe » et « L’Ocipe : quelques mots d’histoire », La Lettre de l’Ocipe, nouvelle série n° 1, juin 1967, pp. 1 et 4-5
•« Activités de l’Ocipe », La Lettre de l’Ocipe, n° 4, janvier 1968, pp. 108-109
•« L’Église et l’Europe », Études, juillet 1982, pp. 87 à 102
•« Une contribution à l’idée fédéraliste de la pensée sociale catholique : le principe de subsidiarité », in Le fédéralisme est-il pensable pour une Europe prochaine ?, collectif sous la direction de Martine Méheut, éd. Kimé, 1994, pp. 103 à 112
Le Devenir de l’Europe, avec Sophie Béroud, éd. de L’Atelier, 1997, 200 pages
•« Demain l’Europe à vingt-huit », La Croix, 27 décembre 1999
•« L’Europe, espace des migrations », La Croix, 26 août 2002
•« Les Migrants en Europe », Mission de l’Église, n° 137, octobre-décembre 2002, pp. 3 à 6
•« La citoyenneté au-delà de la nation. Le cas européen », dans Citoyenneté en mutation, Ceras, dossier spécial n° 2, décembre 2002
•« Engagés au cœur du monde », « Humaniser l’économie », et « Un discours enraciné dans l’histoire », dans « Le catholicisme social européen », Projet, hors- série, septembre 2004


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