Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Une autre ville sinon rien

Élisabeth Pélegrin-Genel La Découverte, 2012, 240 p., 18 €

Comment « refaire la ville sur la ville » ? Architecte et urbaniste, Élisabeth Pélegrin-Genel traque ici « des innovations spatiales, non pour leur ‘belle architecture’ mais pour les changements sociaux et les nouveaux modes de vie qu’elles génèrent. » Elle interroge par ce biais formes, fonctions, mobilités et rythmes urbains en France, sans s’interdire des références à d’autres pays occidentaux. Le périurbain n’est pas oublié : regroupant près de 16 millions de Français, concernant les deux tiers des constructions neuves, il participe pleinement des inventions et réflexions sur la ville à venir. Au cœur de celles-ci : l’espace public, rapproché ici de la figure de la ronde, associant « mouvement et circulation, rigidité et contrainte », intégrant ceux qui en jouent le jeu, excluant les autres. « Heureusement, il y a les intervalles qui représenteraient une certaine porosité, des ouvertures possibles » : figures de la marge, du détournement et du glissement, explorées tour à tour dans cet ouvrage. Des moments festifs aux actions sur le bâti, une multitude d’initiatives permettent des appropriations et des utilisations de la ville axées sur le partage, la gratuité et l’égalité. Elles sont brièvement et intelligemment exposées et discutées : (ré)aménager des rues, des places, des bâtiments (un entrepôt en logements sociaux, une prison en médiathèque), réhabiliter des HLM ou des béguinages, inventer des écoquartiers, penser des maisons de retraites autogérées, développer des coopératives d’habitat… Le sens général de ces créations hétéroclites échappe, mais chacune, à sa manière, précise les possibles d’un quotidien résolument urbain. Ce petit livre, illustré d’une trentaine de clichés, se lit avec plaisir, prolongeant le questionnement de Georges Perec : « J’aime ma ville, mais je ne saurais dire exactement ce que j’y aime. » Il enjoint, finalement, à libérer concrètement imagination et imaginaire, attentif aux Villes invisibles de son « ange gardien », Italo Calvino.

Pour aller plus loin :

Découvrez le site internet d’Élisabeth Pélegrin-Genel


Jean Vettraino
15 mars 2013
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules