Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Sociologie des émeutes

Michel Kokoreff Payot, 2008, 336 p., 21,50 €

Quelles conclusions tirer des émeutes de novembre 2005, des dérives lors des grandes manifestations anti-CPE du printemps 2007, de la vague qui a secoué Villiers-le-Bel en novembre 2007 ? Elles trouvent leurs racines dans des lieux de « relégation » où la précarité est grande et l’échec scolaire important. Une population à forte majorité immigrée a été diabolisée dans un esprit « tout-sécuritaire » entretenu par Nicolas Sarkozy en vue de l’élection présidentielle. On est entré dans le cercle vicieux de la dégradation des rapports avec une police qui ne protège plus, de la radicalisation des attitudes de jeunes, de la haine des flics se substituant à la haine de classe. A contrario, l’exemple de Saint-Denis, une ville qui a peu bougé, est longuement analysé. Pourquoi ? Outre la présence d’un vrai tissu associatif, plusieurs dispositifs y ont été mis en œuvre : cellule de crise à la mairie, médiation des éducateurs entamant un dialogue avec les jeunes, Etats-généraux de quartiers à l’initiative des élus, permettant de capter la parole des laissés-pour-compte… Mais c’est une chose de donner à l’occasion la parole à des jeunes, et une autre de construire un discours. Ces initiatives restent souvent lettre morte car « on a donné la parole à ceux qui l’ont déjà » (p. 259), d’autant que les jeunes veulent échapper à toute récupération politique. Rien ne pourra se faire sans cesser de dire aux plus jeunes qu’ils doivent « s’intégrer » et sans s’appuyer sur les forces vives pour développer des dynamiques positives. L’auteur reprend la thèse déjà développée L’auteur dans La reprend force des la quartiers thèse déjà (Payot, développée 2003). Qu’attendre du 19e « plan Banlieues », celui de Fadela Amara : « Respect de l’égalité des chances » ? Pour que celui-ci, comme les précédents, ne finisse pas par renforcer le sentiment d’impuissance, M. Kokoreff développe quatre perspectives d’action : priorité absolue à l’école, l’emploi, le logement ; urgence de mesurer la crise de l’institution policière ; importance de la lutte contre la discrimination raciale ; reconnaître la force des faibles car c’est « leur exposition à l’arbitraire et à la discrimination qui font basculer la politisation potentielle en mobilisation collective ».

Annie da Lage
13 juin 2008
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules