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Repères pour résister à l’idéologie dominante

Gérard Mauger Éditions du Croquant, 2013, 240 p., 20 €

« Pour un chercheur en sciences sociales, il semble difficile de prétendre travailler exclusivement ‘pour la science’, dans la mesure où l’objet même des sciences sociales – la représentation du monde social – est proprement politique » (p. 86). D’où cette question liminaire : « Comment intervenir sociologiquement en politique ? » Gérard Mauger, spécialiste de la sociologie de la déviance et de la délinquance des jeunes des classes populaires, y répond par touches. Son livre ordonne intelligemment un ensemble de textes (la plupart publiés dans la revue Savoir/Agir) et d’entretiens. Le propos se situe d’emblée dans une « gauche de gauche », militant pour un refus de tout type de fatalisme et de la naturalisation du monde social, et pour une centralité des rapports de classes. Pour autant, l’autonomie du champ scientifique – avec l’idée d’un « intellectuel collectif autonome » – vis-à-vis des champs politique et médiatique est constamment affirmée, dans une tension et un dialogue permanents. Les critiques adressées à l’idéologie dominante soulignent à quel point les classes populaires sont aujourd’hui « ‘dé-faites’, économiquement, politiquement et symboliquement » (p. 155). Le sociologue en livre une approche fine (par exemple, celle des ouvriers « pavillonnaires » différent de ceux « de cités »), en même temps qu’il en recherche une structuration et une expression politiques possibles. Ce recueil est aussi un bon exemple de l’usage des concepts de l’école bourdieusienne. Espérons que ces sociologues parviendront à s’inviter dans le débat, et que nous saurons les écouter.

Jean Vettraino
11 avril 2013
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