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Politique et histoire en Allemagne au xixe siècle,

Jean-Yves Calvez Puf, Questions classiques, 2001, 298 p., 22,50 €

La pensée politique partagée par le plus grand nombre des hommes parle de droit naturel, de volonté générale, de raison, ou de contrat mais élevé au rang de règle véritable. Elle semble porter un appel : la politique est une œuvre à faire. Une grande partie de la pensée allemande du xixe siècle, en particulier chez les historiens, s’est crispée contre ce qu’elle a senti là comme extériorité et abstraction (surtout française). Elle était à la recherche d’un principe immanent aux communautés politiques, à leur histoire, d’un social concret, portant l’ethos en soi-même : le peuple, la nation, l’Etat. Cette recherche d’une « voie particulière » a frappé plus d’un observateur de l’Allemagne. Jean-Yves Calvez illustre cette tendance à partir d’une analyse des œuvres des « vieux libéraux », Dahlmann et Gervinus, et d’un conservateur original, Stahl, avant 1848, de l’historien Ranke, qui embrasse le siècle, et d’un certain nombre de « nationaux-libéraux » d’après 1848 (Droysen, Sybel, Treitschke), ainsi que de l’historien et homme politique Mommsen. Au-delà du point jusqu’où menaient directement ces historiens, une tentation forte, terrible, s’est exercée, à laquelle le national-socialisme a totalement succombé. Jean-Yves Calvez relève que la question n’a pas fini de se poser aujourd’hui. Nous ne sommes pas sortis des nationalismes et des ethnismes en Europe. En France même, certains prétendent savoir pour jamais ce qu’est l’identité nationale et déterminer les valeurs politiques à partir de là ; il est certes utile de se référer à l’histoire. Mais celle-ci ne nous donne pas une substance éthique non négociable. La politique est toujours à faire : dans le débat, le compromis, la reconnaissance mutuelle.

Jean Weydert
4 juin 2012
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