« Notre espérance de vie a augmenté de vingt-cinq ans au xx^e siècle, nous parcourons quarante-cinq kilomètres par jour, 53 % des bébés naissent hors mariage. » S’appuyant sur de nombreux chiffres, cet essai brosse à grands traits un portrait de la France résolument optimiste. Dans un style personnel et imagé, l’auteur insiste sur quelques idées forces, certaines développées dans des ouvrages précédents. La thèse principale est clairement énoncée : la société française repose aujourd’hui sur deux « moteurs », « deux piliers complémentaires et insécables » (p. 33) : le travail et la vie hors travail (ou temps libre), cette dernière tendant à imposer de manière croissante ses normes et ses valeurs. D’où des bouleversements menant à une « société des modes de vie » (aussi appelée « société d’éducation et de loisirs ») où le travail n’aurait plus le rôle structurant d’hier. Cette société est également celle des « vies complètes » et de quatre générations contemporaines. Le changement, en effet, serait « d’abord une conséquence de l’extraordinaire allongement de notre durée de vie » (p. 14), l’aspect quantitatif étant indissociablement qualitatif. Ce souci de la démographie est éclairant, de même que la mise en perspective historique (sur un ou deux siècles) et l’attention portée aux territoires et aux mobilités. Un dernier chapitre se penche sur les évolutions politiques, entre « bonheurs privés et malheur public » (p. 114), la principale étant sans doute la crise d’un récit commun