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New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power

Christophe Jaffrelot Autrement, 2008, 158 p., 17 €

Sur la scène internationale, l’Inde devient une puissance, autant par son soft power (statut démocratique, rayonnement culturel, force du lobby indien aux États-Unis, développement de ses entreprises multinationales) que par son outil militaire qui se renforce. Mais que veut-elle ? Et que peut-elle ? Pour faire le point, voilà un ouvrage éclairant. Il rassemble en sept chapitres les analyses des meilleurs experts du sous-continent (dont deux écrivent aussi dans le présent dossier de Projet). La perspective historique montre le chemin parcouru depuis la perspective « idéaliste » de Nehru (avec son projet de leadership mondial des « non alignés ») jusqu’au « pragmatisme » de Manmohan Singh, pour qui l’intérêt national impose un rapprochement avec les États-Unis. L’ouvrage montre bien la tension permanente entre les visées globales (revendication d’un siège permanent au Conseil de sécurité) et les préoccupations régionales, notamment dans les relations tendues avec ses voisins. Pour assurer son hégémonie régionale, la « plus grande démocratie du monde » renonce à faire de la démocratie un produit d’exportation : cela explique notamment son attitude conciliante envers la junte birmane lors de la répression sanglante des aspirations démocrates, ainsi que sa reconnaissance de la souveraineté chinoise sur le Tibet. La Realpolitik aurait-telle remplacé la « moralpolitik » ? Christophe Jaffrelot – qui coordonne l’ensemble – invite à relativiser cette opposition, préférant souligner, de Nehru à Singh, une « continuité fondamentale : la volonté d’indépendance nationale qui sied à un grand pays porteur d’une civilisation prestigieuse ».

Christian Mellon
6 juin 2012
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