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Les sillons de la colère

André Pochon Syros, coll. Alternatives économiques, 2001, 128 p., 8,99 €

Fondateur du réseau Agriculture durable et « paysan-citoyen », l’auteur milite pour une agriculture respectueuse de l’environnement afin d’échapper à l’hyper-productivisme installé au bénéfice apparemment exclusif des lobbies de l’agroalimentaire. Dans cet ouvrage, André Pochon montre que les mesures prises dans les années 70 pour instaurer à coup de subventions publiques un modèle productif aux coûts artificiellement minorés, relèvent de l’aberration économique. Désormais, les nuisances s’imposent aux consommateurs, des excès de nitrate dans l’eau aux prions dans le beefsteak en passant par les résidus de dioxine ou d’antibiotiques. Et l’auteur, avec son franc-parler, ressort un cadavre que beaucoup de responsables politiques et de hauts fonctionnaires chargés de l’agriculture souhaiteraient laisser au placard. Le modèle de cogestion instauré en France dans les années 60, favorisant une représentation monolithique de la profession agricole, a entretenu la confusion des rôles. Etendu à la Politique agricole commune, ce consensus institutionnel permet-il à l’Europe de réguler efficacement les excès du productivisme et de s’opposer aux stratégies des firmes transnationales, centrées sur le profit immédiat ? L’agriculture durable, c’est possible ! André Pochon l’a expérimentée avec plus de 400 éleveurs des Côtes d’Armor et 2 000 agriculteurs dans l’Ouest de la France. Evidemment, ces expériences de recherche-action suivies par des agronomes, basées sur la production fourragère, la rotation des cultures et les complémentarités élevage-culture, sont moins médiatiques que le démontage de fast-food. Pour sortir des impasses du productivisme, il faut avoir le courage politique de tirer les leçons du passé : l’auteur propose de supprimer les subventions au maïs-fourrage et à l’irrigation, de taxer les pesticides et les engrais azotés, de briser le mythe de la vocation exportatrice et de réaffirmer le nécessaire maintien de la préférence communautaire. Adopter de telles dispositions constituerait une véritable révolution pour le Landernau des politiques publiques agricoles. Mais il faut vouloir la réforme, et les clients doivent devenir des « consom’acteurs » : passage obligé pour réconcilier la société française avec son agriculture et son alimentation.

Dominique Desbois
8 juin 2002
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