Les classes sociales dans la mondialisation
Anne-Catherine Wagner La Découverte 2007, 118 p., 8,50 €Les classes sociales ont été pensées habituellement dans le schéma des rapports de production (version marxiste) ou encore sur fond culturel (version sociologique), mais toujours dans un cadre politique national. Anne-Catherine Wagner a le mérite d’explorer ce que deviennent ces rapports-au-monde lorsque le monde s’élargit aux dimensions des marchés globalisés. Elle revisite les vieilles aspirations universalistes, l’internationalisme ouvrier dont le courant marxiste fut le vecteur voici déjà plus d’un siècle, et qui était la réponse à la tradition cosmopolite des élites aristocratiques de naguère. Il aurait fallu préciser que déjà ces élites avaient été en lutte avec d’autres traditions transnationales : on pense aux marchands des grandes foires de la fin du Moyen Âge, et, remontant plus loin encore dans le passé, aux appareils ecclésiastiques et religieux revigorés au xiiie siècle par le courant d’urbanisation, dont la mondialisation actuelle n’est que le dernier avatar. L’ouvrage, de manière classique, évoque le déplacement des inégalités économiques, la précarisation de certains travailleurs, la financiarisation, dont il eût fallu montrer les contradictions. Plus originales sont les données concernant l’évolution culturelle qui préside à la recomposition du travail. Mais rien sur la force de cette catégorie très particulière de travailleurs qui, à l’ombre de la puissance étatique, colore de leurs stratégies agonistiques l’action des appareils administratifs. Les fonctionnaires et agents de statuts publics présentent une consistance sociologique propre, que ne saurait négliger une étude sur le déplacement des forces sociales.
13 juin 2008