Le retour du religieux dans la sphère publique. Vers une laïcité de reconnaissance et de dialogue
Jean-Paul Willaime Ed. Olivétan, 210 p., 2008, 14 €Ecrit d’occasion – suite à une mission d’expertise en 2007-2008 au Conseil de l’Europe sur les dimensions religieuses du dialogue interculturel, après les fameux discours de N. Sarkozy à Rome et Riyad – ce petit livre est néanmoins fort substantiel et met les points sur les « i » dans des questions majeures pour la France. J.-P.Willaime conteste un primat quelconque d’une laïcité à la française, contestant même qu’il y ait aujourd’hui une laïcité à la française quand ce qui s’est développé en notre pays appartient à quelque chose de passablement commun, à peu de nuances près, qu’on peut appeler « laïcité européenne », « de reconnaissance et de dialogue ». Il est, d’autant plus important d’interpréter ainsi la laïcité qu’en notre temps d’ultramodernité, d’ultrasécularisation, les communautés politiques sont tellement démunies éthiquement qu’elles ont beaucoup à recevoir des religions – sans empiètement de pouvoir bien sûr – pour leur vitalité profonde. Quant à l’école, qui doit contribuer au vivre-ensemble de citoyens divers, elle a, elle aussi, beaucoup à recevoir des religions pour cette tâche. Un point crucial dans les remarques de l’auteur est qu’il faut absolument se garder de confondre institutions publiques ou pouvoirs, auxquels les religions ne doivent pas avoir part, et espace public où les religions doivent être aussi à l’aise que toute autre force ou association. L’adjectif « public » a plusieurs sens dans notre vocabulaire courant. En cours de route, J.-P.Willaime entretient une vive polémique avec son collègue J. Baubérot, auquel il reproche d’enfermer la religion dans du purement individuel.
6 juin 2008