Ce livre vient interroger l’action publique, telle qu’elle est vécue en France. La réflexion est conduite à partir d’un cas précis : les réformes de modernisation des Services d’incendie et de secours, votées en 1996 et mises peu à peu en application. L’auteur reprend, des travaux de March, la distinction entre réformisme d’exploitation et réformisme d’exploration. Si le premier met l’accent sur ce qui vient améliorer la production, la planification et le contrôle, le second est dynamisé par une recherche faite de questionnements, de tâtonnements et d’évaluations des diverses options. Pour l’auteur, le cas étudié ne procède d’aucun de ces réformismes, mais plutôt de ce qui est appelé (non sans jugement de valeur implicite) « réformisme pervers ». Celui-ci renvoie aux dissonances entre les buts escomptés lors d’une réforme et les résultats en définitive obtenus, dans la mesure où ces dissonances résultent de conflits entre rationalités différentes (et entremêlées dans l’analyse – par paresse, obscurité ou calcul) ou encore de compromis non explicités entre des attentes distinctes. Ce réformisme pervers peut aujourd’hui entraver toute action publique.