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L’empowerment, une pratique émancipatrice

Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener La Découverte, 2013, 175 p., 16 €

« Empowerment ». Comment rendre compte en français d’une notion aussi foisonnante ? C’est ce qu’entreprennent une sociologue urbaine française et une économiste féministe américaine. Elles suivent pas à pas l’histoire du concept dans un corpus international, à partir de textes professionnels et d’articles du New York Times parus entre 1960 et 2005. Elles construisent ainsi la typologie très éclairante « d’un modèle radical nourri des théories de transformation sociale comme celles de Paulo Freire, de la branche la plus radicale du mouvement féministe et d’une partie des mouvements communautaires ». Un modèle social-libéral qui articule la défense des libertés individuelles et une attention à la vie locale (avec le succès du concept dans les institutions internationales), et enfin une version managériale mobilisée « dans une logique de gestion de la pauvreté et des inégalités, pour permettre aux individus d’exercer leurs capacités individuelles ». Le dernier chapitre revient sur l’importation tardive du concept en France. Un premier essai de traduction « inachevé » est tenté dans les années 1970. Le deuxième essai, celui de la politique de la ville, reste aussi un « rendez-vous manqué » dans les années 1980 et 1990. Quant au recentrage néolibéral sur la notion d’insertion fondée sur des projets, les auteures en dénoncent le côté illusoire dans l’appel à la responsabilité individuelle des bénéficiaires. Elles concluent cependant sur la force du concept pour renouveler les débats sur la démocratie : « Comme pratique de l’émancipation, l’empowerment pourrait contribuer à faire émerger un projet de transformation sociale vers ‘un autre monde possible’. »

Bertrand Hériard Dubreuil
27 juin 2013
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