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Justifier la guerre ?

Gilles Andréani et Pierre Hasner Presses de Sciences Po, 2005, 260p., 20 €

Les auteurs de ce livre traitent des guerres d’aujourd’hui, et incluent dans leur travail le concept de guerre contre le terrorisme. Accordant plusieurs chapitres à ce dernier, ils démontrent que l’utilisation même de ce concept sert la cause des terroristes, qui se représentent comme des combattants en lutte contre quelque grand ennemi. La guerre en tant qu’« emploi mesuré de la force au service du droit », et la tension qu’elle suscite entre légitimité et légalité, sont au cœur de l’ouvrage : la guerre a-t-elle une justification ? Ce mot rappelle la « guerre juste ». Concept « théologique » pour A. Colonomos, mais qui découle en réalité de la raison et de l’éthique commune : c’est ce que rappelle très bien Christian Mellon (Ceras), dont les chapitres sur la justice en matière de guerre sont une étude des concepts de « droit lésé », de « discrimination des combattants », de « proportionnalité » chez Augustin et Thomas d’Aquin. Si l’enseignement de l’Eglise catholique est bien exposé, on peut cependant regretter que les auteurs n’aient pas davantage insisté sur le caractère provisoire de la « concession » faite à la guerre. A l’heure où le monde entrait dans l’ère nucléaire, les conclusions du concile Vatican II nous signalaient : « Avertis des catastrophes, mettons à profit le délai qui nous est concédé d’en haut, pour que nous trouvions les méthodes qui nous permettent de régler nos différends d’une manière plus digne de l’homme ». Ainsi, loin de devenir pérenne, l’armement nucléaire n’aurait dû être perçu que comme un simple délai de réflexion quant à des moyens pacifiques efficaces de résolution des conflits.

Jean-Yves Calvez
14 juin 2006
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