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Globalia

Jean-Christophe Rufin Gallimard, 2004, 500 p., 34 €

Les essais politiques du « médecin sans frontières » et président d’Action contre la faim ne passent jamais inaperçus. Ses romans historiques sont aussi reconnus (Rouge Brésil a obtenu le prix Goncourt en 1994). Dans la postface, Jean-Christophe Rufin explique son souhait de faire converger ces deux formes d’expression. Il a choisi la forme de la science fiction pour « convertir les problèmes en affects, les mouvements en désirs, les ruptures en tragédies… » Le lecteur, amusé au prime abord par l’idée de grossir les partis pris de notre démocratie triomphante, est pris dans un engrenage dont il ne peut sortir. Comme les personnages du livre, il se sent manipulé, mais par qui ? L’intrigue rebondit sans cesse, on n’en découvre le ressort qu’à la fin. En fait, on le pressentait, mais on ne voulait pas y croire… C’est dire si nous sommes attachés à notre liberté, notre prospérité et notre sécurité. Le livre dénonce la contradiction d’une société idéale qui chercherait de manière désespérée à les tenir ensemble. « L’essayiste a le devoir de prendre parti… Le romancier renvoie chacun à ses émotions, réflexions et à ses choix ». Les héros de l’ouvrage se séparent, chacun choisissant son chemin : quelques-uns montent dans la hiérarchie administrative, les autres se noient dans l’ennui. Les opposants s’enfoncent dans les contradictions d’une rhétorique impuissante, les derniers s’échappent dans les non-zones… C’est sans doute la limite du livre : un refus du politique au quotidien, fait de beaucoup de résistances et de quelques compromis pour que l’horreur décrite dans Globalia ne se généralise jamais.

Bertrand Hériard Dubreuil
14 juin 2005
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