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Film - The Gatekeepers

Dror Moreh 2012, France/Israël, 105 min

La qualité du cinéma israélien n’est plus à démontrer. Le dernier documentaire de Dror Moreh, sorti en 2012, en offre un autre exemple, dont témoigne sa récente nomination aux Oscars.

Si nombre de films ont été réalisés sur la Palestine et le conflit israélo-palestinien, il est tout à fait exceptionnel de mettre un visage sur les hommes « de l’ombre » - les membres des services de sécurité intérieure israéliens - et de recueillir le point de vue de ceux qui les ont dirigés ces trente dernières années. Il est impressionnant de les écouter relire et analyser avec lucidité et courage leurs responsabilités comme celles de leurs gouvernements dans les moments les plus sombres d’une guerre qui n’ose pas dire son nom.

À l’exception de quelques images d’archives, The Gatekeepers est une suite d’interviews, regroupées en sept séquences, de six anciens responsables du Shin Bet (les services secrets israéliens). Ils détaillent, sans pudeur parfois, les méthodes utilisées, voire inventées, contre les populations des territoires occupés. Des militants, des civils sont la cible d’assassinats ou de torture. Tous les moyens sont mis en œuvre pour tisser un réseau d’informateurs : des collaborateurs sont « recrutés » au sein de la population palestinienne à la suite d’interrogatoires de centaines de milliers d’entre eux, nous dit Carmi Gillon, politique israélien. Les manifestations de masse sont délibérément réprimées dans le sang.

Sans autre visée que d’assurer à tout prix la sécurité des territoires colonisés depuis 1967, le gouvernement se désintéresse du sort des Palestiniens. Comme le constate avec amertume Ami Ayalon : « Nous gagnons toutes les batailles mais nous perdons la guerre. »

Certes, ils ont aussi à déjouer les complots de l’extrême droite israélienne, par exemple, celui de certains fanatiques qui cherchent à détruire le Dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa pour y reconstruire le troisième temple. Plusieurs d’entre eux, arrêtés et condamnés, ont été libérés par la suite.

Dans la séquence « Forget about Morality » (« Oublie la morale ! »), Avraham Shalom, qui a ordonné d’achever des prisonniers après leur lynchage par l’armée, et qui ne veut pas voir de « terroristes » vivants devant les tribunaux, avoue que la guerre contre le terrorisme n’a pas de morale. « Nous nous comportons comme les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale », finit-il cependant par reconnaître. Cet aveu vient de la bouche de l’un de ceux qui ont participé à l’arrestation d’Adolf Eichmann en Argentine ! Une citation du grand philosophe Yeshayahou Leibowitz vient confirmer combien l’occupation fait perdre son âme au peuple d’Israël.

Mais, à défaut de morale, tous ces anciens responsables n’en ont pas moins le sens des réalités : « Le terroriste des uns est le résistant des autres. » Ainsi l’avenir pour eux est-il sombre ! Il est urgent de « parler » avec tout le monde, y compris le Hamas.

Que ne sont-ils écoutés !

Voir « The Gatekeepers » :

Voir des extraits du film sur Arte

Arte rediffusera ce film samedi 16 mars à 12h20

Le DVD sera disponible à partir du mois de mai prochain

Bernard Flichy
15 mars 2013
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