Migrations forcées, discriminations et exclusions Les enjeux de politiques néocoloniales.
Claude Calame et Alain Fabart (dir.) Éditions du Croquant, 2020, 230 p., 15 €Cet ensemble de contributions s’attache à analyser les conséquences des déplacements forcés sur les migrants en termes de stigmatisation et de discrimination. Les effets de la mondialisation pèsent lourdement sur la vie des exilés, sur la capacité à obtenir un statut, et les condamnent à l’invisibilité, au rejet, à l’exclusion. Il convient de comprendre de manière critique ces phénomènes, pour construire une politique. Étienne Balibar analyse l’urgence d’affirmer et de construire un droit à l’hospitalité. Danièle Lochak critique les obstacles qui raisonnent contre la liberté de circulation : la souveraineté, le partage du monde en deux humanités, la lente érosion des droits fondamentaux. D’autres contributions examinent les « fantasmes migratoires » du Pacte de Marrakech, l’eurocentrisme en matière de migrations, les peurs et les mensonges qui biaisent lourdement une intelligence des expériences migratoires. Les deux coordinateurs de l’ouvrage reviennent sur les causes et les effets des migrations contraintes, ce qui leur permet de formuler la proposition altermondialiste. Gustave Massiah en expose les six orientations en conclusion. Les migrations sont un phénomène majeur du monde d’aujourd’hui, et non seulement par les chiffres qui les mesurent. Sans doute appellent-elles une gouvernance globale, qui est la véritable alternative aux différences lourdes de conséquences pour les personnes que sont les politiques migratoires. De ce fait, on aurait peut-être aimé un temps de réflexion sur ce qu’on appelle couramment « l’externalisation » de la gestion des migrations.
15 janvier 2021