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La tropicalisation du monde

Xavier Ricard Lanata Puf, 2019, 113 p., 12€

Dans son précédent ouvrage Blanche est la Terre, Xavier Ricard Lanata offrait un récit à la première personne narrant ses expériences auprès des peuples des plateaux andins ou du Zambèze. Le style est ici bien différent mais tout aussi puissant, pour une réflexion sur notre société globalisée qui est comme la traduction conceptualisée de ses expériences précédentes : « une tentative de regard inversé ». Quelle est donc cette tropicalisation du monde ? Le point d’arrivée du capitalisme aujourd’hui : « L’ensemble de ces processus de concentration, assorti des changements introduits dans les conditions mêmes de la production caractérisent le moment spécifique du capitalisme contemporain que je propose d’appeler tropicalisation. » L’état social et la démocratie libérale que nos sociétés occidentales connaissent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale seraient une parenthèse en train de se refermer. Le capitalisme que nous avons imposé au monde entier se retournerait contre nous, dans son appétit insatiable de rendement. Nous devenons les colonies dominées de ce capitalisme désormais affranchi de tout contrôle étatique et démocratique. Que faire face à cela ? Penser avec le Sud « aux antipodes » et s’inspirer de leurs luttes. S’ouvrir à un pluriversel, comme nous y invite l’anthropologue Arturo Escobar en retrouvant une éthique relationnelle. Apprendre à habiter la terre en terrestre. Enchâsser les biens communs dans une économie réconciliée avec l’écologie, en « [admettant] que la notion de capital fongible, abstrait, détachable de son milieu et des conditions de création d’une richesse est un non-sens. » C’est finalement sur une invitation eschatologique que se conclut cet ouvrage. Conscient que la crise socio-environnementale que nous traversons n’a pas fini d’engendrer ses catastrophes destructrices, Xavier Ricard Lanata préfèrerait nous voir mourir en frères et sœurs plutôt qu’en ennemis. Cette pensée mobilisatrice invite le lecteur à saisir que c’est aussi en frères et sœurs que la sortie du capitalisme tropical nous permettra de vivre.

Martin Monti-Lalaubie
21 janvier 2020
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