Comment légitimer, dans le débat public, des préoccupations exprimées par un collectif de citoyens ? Comment bousculer une expertise officielle et disposer d’arguments à même de peser sur des politiques publiques ? En s’associant à des universités qui mobilisent les compétences et le temps de chercheurs pour produire des études à la demande de la société civile. C’est ce lien entre deux mondes que veulent tisser « les boutiques des sciences ». Nées au début des années 1970 aux Pays-Bas, leur objectif est de mettre le savoir au service de l’intérêt général. La première partie du livre s’intéresse à leur lente évolution en Europe et en France, chahutée par le soutien fluctuant des institutions publiques. Vient ensuite une description minutieuse du fonctionnement des boutiques françaises et d’un processus de coconstruction, plus ou moins étroit, entre scientifiques, étudiants, « boutiquaires » et initiateurs de la demande. On regrette ici que certains projets ne soient pas davantage détaillés pour rendre compte des fruits de cette collaboration. Des exemples auraient notamment permis d’illustrer les façons dont les collectifs s’approprient les résultats des recherches qu’ils ont commencées. L’auteur, coordinateur de l’association Sciences citoyennes, livre dans la dernière partie de l’ouvrage un plaidoyer pour la reconnaissance et la pérennisation des boutiques des sciences. Il relève la contradiction de politiques qui affirment, dans les discours, placer le citoyen au cœur de la société tout en sabrant les crédits de la recherche participative. La demande sociale ne semble pas faire le poids face à l’impératif d’innovations technologiques comme moteur de croissance… Un petit livre académique qui aborde plus largement le vaste sujet de la place laissée aux citoyens dans les choix de société.