Travail, trajectoire résidentielle, revenus et pratiques culturelles… autant de données que les auteurs de cet ouvrage scrutent, déchiffrent, discutent. L’objectif : dresser un tableau contemporain des classes populaires. Une société dans la société, qui se compose, non pas d’un bloc, mais de strates. Les habitudes télévisuelles, l’habitat, le type de diplôme ou l’accès à l’embauche permettent aux sociologues de mieux comprendre la diversité des classes populaires. « On envoie les enfants au lit juste avant que ne démarrent les programmes du soir. Les vendredis et samedis soir, on les laisse veiller jusqu’à la fin du divertissement. » La télévision n’est pas simplement une fenêtre sur le monde : l’usage qui en est fait révèle aussi la classe sociale de celui qui la regarde. Chez les ménages des classes populaires par exemple, « le temps quotidien moyen devant l’écran de télévision descend rarement en dessous de six heures ». La tendance veut que la vie y soit, en partie, réglée par les horaires du petit écran. Cité HLM ou pavillon ? L’opposition entre ces formes d’habitat structure une hiérarchie entre deux groupes. Dans le premier, on ne possède pas le même niveau de revenus, ni le même diplôme que dans le deuxième. On ne vote pas pareil, non plus. « Les habitants des cités affichent une plus faible participation électorale et un vote plus classiquement ancré à gauche que chez les classes populaires des pavillons. » L’éclatement du monde ouvrier des années 1970 a abouti à la fragmentation des classes populaires, avec, d’une part, l’émergence d’une strate qui se rapproche de la classe moyenne et, d’autre part, celle d’une classe dont la précarité augmente. Les explications sociologiques et les chiffres présentés par Nicolas Duvoux et Cédric Lomba éclairent une condition sociale qu’il est bon d’analyser pour en comprendre la pluralité.