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Solidarité et organisation : penser une autre gestion

Genauto Carvalho de França Filho et Philippe Eynaud Érès, 2019, 248 p., 25 €

En rapprochant les termes « solidarité » et « gestion », le titre annonce l’ambition peu commune de ce livre : faire émerger une gestion des organisations qui place l’humain et son environnement au cœur de son projet. Les auteurs montrent comment une lecture occidentale de l’histoire de la gestion a pendant longtemps ignoré les formes d’organisation collective qui ne cadraient pas avec les logiques du marché ou de l’État. La solidarité était reléguée à la société ou au droit. Par ailleurs, les méthodes managériales de la sphère marchande se sont progressivement imposées aux institutions publiques, tandis que les logiques concurrentielles s’immisçaient dans les champs de l’économie sociale. L’ouvrage explore alors deux pistes. La première interroge la marchandisation du travail, de la nature et de la monnaie dans l’économie capitaliste pour penser des modèles alternatifs favorisant la socialisation et l’émancipation des personnes. La seconde analyse les formes de gouvernance des organisations qui permettent d’orienter l’action vers l’intérêt général. Elle inscrit la gestion dans une action territoriale qui renforce les systèmes de solidarité et respecte les ressources locales. Se dessinent ainsi les contours d’une gestion dans laquelle le collectif prime sur l’individu, le bien-être sur la performance. Le dernier chapitre revient sur deux écoles de pensée qui illustrent ces propositions et invite à les enrichir : la gestão social brésilienne et la théorie des communs. L’ouvrage compile ainsi une somme impressionnante de contributions pour alimenter son propos. En élargissant la recherche à plusieurs disciplines, il ouvre la voie à une épistémologie interculturelle. Le rapprochement avec l’anthropologie est à ce titre particulièrement stimulant. Un livre à mettre entre les mains de tout gestionnaire mais aussi de quiconque souhaite « retrouver le sens perdu des projets institutionnalisés et faire face aux dérives individualistes ».

Rémi Saintagne
15 juin 2019
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