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Une économie politique de l’hôpital Contre Procuste

Philippe Mossé L'Harmattan, 2018, 186 p., 19,50 €

Ce livre de Philippe Mossé, économiste de la santé et directeur de recherche au CNRS, retrace les grandes orientations actuelles du milieu hospitalier. Tout d’abord, l’utilisation de techniques sophistiquées et coûteuses pour lutter contre la maladie (le cure), peut-être au détriment d’un supplément d’attention et d’écoute du patient (le care) ; puis la volonté d’une utilisation optimale des crédits alloués (l’efficience), couplée au malaise d’une partie du personnel hospitalier du fait d’une dégradation des conditions de travail, notamment aux urgences.

Après une dizaine de pages consacrées à la période 1960-1980, la première partie de l’ouvrage décrit le contexte actuel : ralentissement de la croissance, progrès de la science médicale, importance nouvelle des maladies chroniques… Tous ces facteurs ont conduit à des adaptations continues : entre des séjours brefs pour les soins « techniques » des maladies aiguës et des filières longues de « soins en aval » qu’il faut piloter pour soigner les affections chroniques. La seconde partie propose un décryptage sociologique et politique du mode d’organisation et de gouvernance des hôpitaux ces dix dernières années. Si les contraintes de la régulation demeurent fortes, des possibilités sont ouvertes par la régionalisation (création des agences régionales de santé, contractualisation entre les hôpitaux et ces agences) et la certification (une évaluation de la qualité des soins et de l’efficience médico-économique faite par les pairs et les experts). Plus récemment, l’obligation pour les hôpitaux d’entrer dans un groupement hospitalier de territoire vise à favoriser la mise en place de filières de soins et à mobiliser les personnels (et d’abord les médecins) autour d’un projet commun à plusieurs établissements sur un territoire donné.

Après le XXe siècle marqué par l’uniformisation de l’hôpital public, le XXIsiècle se construirait « contre Procuste » (symbole mythologique de l’uniformisation), sur « des projets locaux qui consacreraient des hôpitaux ouverts ». Pour autant, cet optimisme est tempéré par l’auteur : « Cela dépendra essentiellement de la capacité des acteurs hospitaliers à se saisir des opportunités. » C’est cet enjeu qui est rappelé par Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique de Paris, dans l’introduction à ce livre. On peut regretter un certain laconisme sur les raisons du malaise actuel des professionnels de santé ; mais le propos intéressera tous ceux concernés par ce secteur qui regroupe plus d’un million d’agents et auquel les Français sont profondément attachés.

Pierre Duclos
8 avril 2019
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