Ce petit livre nous rappelle les principales étapes de l’histoire du Mouvement 5 étoiles (M5S), depuis les spectacles révoltés de Beppe Grillo aux premiers succès électoraux nationaux (parlementaire en 2013), en passant par la création d’un mouvement virtuel « anti-système » et la prise de grandes villes (notamment Turin et Rome). Ou plutôt ce qu’il était hier, car le livre s’arrête à la veille des dernières élections qui ont vu le M5S devenir le premier parti d’Italie. Toute une partie est consacrée aux idées du mouvement sur un grand nombre de thèmes (de l’économie à l’environnement, à la justice, le social, les affaires extérieures, la sécurité…). À cette lecture on s’étonne presque du grand nombre d’idées classées plutôt (ou nettement) à gauche – une référence dépassée ? Mais les sondages confirment que la majorité des électeurs du M5S se définissent plutôt de gauche. Les idées classées « à droite », notamment sur l’immigration, sont moins développées, plus floues et possiblement changeantes. Le message principal reste que le M5S est « pragmatique » et se bat pour des propositions concrètes sur la base desquelles construire des alliances, au cas par cas. Des portraits émaillent le livre : de Beppe Grillo, le père fondateur, à Luigi Di Maio, le chef actuel, en passant par Virginia Raggi, maire de Rome, et Gianroberto Casaleggio, figure de l’ombre, artisan de la plateforme numérique du M5S (dont le fonctionnement est largement influencé, peu transparent, posant question sur la réalité de cette démocratie « directe » dont se targue le mouvement). On l’aura compris, on trouvera dans ce livre des références éclairantes à certains de nos partis : mouvement « virtuel », « populiste », « anti-système », « premier parti » du pays, « ni de gauche ni de droite », « pragmatique », cocktail étonnant qui mélangerait FN, France Insoumise, Macron et quelques autres. Enfin, un des intérêts du livre est de mettre en regard les sondages électoraux (qui montrent des électeurs très exclusifs et ne reportant pas leur voix ailleurs) et le positionnement tactique du M5S, affichant son refus de toute coalition. Mais ce principe semble aujourd’hui prendre l’eau… De là à penser que d’autres positionnements pourraient être remis en cause à l’approche ou dans l’exercice du pouvoir…