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La désindustrialisation : une fatalité ?

Jean-Claude Daumas, Ivan Kharaba et Philippe Mioche (dir.) Presses universitaires de Franche-Comté, 2017, 264 p., 20 €

Le fait est connu : depuis le début des années 1970, l’industrie française a perdu la moitié de ses effectifs. Le premier problème d’interprétation que pose ce constat est de savoir s’il s’agit d’un phénomène spécifiquement français ou d’un phénomène européen, voire mondial. La réponse est nuancée : la situation de la France est assez comparable à celle de la Grande-Bretagne, mais nettement plus défavorable que celle de l’Allemagne, le phénomène majeur étant, comme on le sait, un transfert massif d’emploi industriel de l’Europe vers les pays émergents, dont bien sûr la Chine et les autres « dragons » asiatiques. À partir de là se posent différentes questions sur les causes et les conséquences de ce phénomène. Celles dont traite cet ouvrage collectif concernent principalement les conséquences sociales et territoriales (la marginalisation des territoires frappés par la désindustrialisation), ainsi que l’impact des politiques publiques (fiscalité, formation...). En toile de fond, le texte de Jean-Claude Daumas qui introduit l’ouvrage dresse un constat alarmiste mettant en évidence un risque de pertes irréversibles de savoir-faire, de compétences techniques et d’emplois qualifiés dans les secteurs clefs de l’industrie manufacturière (chimie, mécanique, matériels de transport, électroménager...). Son diagnostic sur les causes de cette situation met en avant l’incohérence et le manque de continuité de la politique industrielle depuis la fin des Trente glorieuses, ainsi que les illusions véhiculées par les tenants d’une croissance entièrement fondée sur les services et l’immatériel. La désindustrialisation : une fatalité ? fournit un état des lieux et des éléments de réflexion utiles sur un sujet important : il est peu contestable que la désindustrialisation est un problème préoccupant pour notre pays. On peut toutefois regretter l’absence d’une mise en perspective prenant en compte la crise écologique et la nécessité d’inventer un nouveau modèle de développement. De ce point de vue, l’avenir de l’économie est autant à chercher dans l’invention de nouvelles manières de combiner l’industrie et les services pour répondre aux besoins de la population (économie de la fonctionnalité, économie collaborative) et développer l’économie circulaire (réparation, recyclage) que dans la renaissance de l’industrie traditionnelle.

Bernard Perret
19 février 2018
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