Avec le développement des sciences paléo-environnementales et les méthodes modernes de l’archéologie, un vaste champ de recherche s’est ouvert sur le rapport de l’homme à l’environnement au cours de l’histoire. Le sourire de Prométhée. L’homme et la nature au Moyen-Âge tâche de dresser une perspective de l’ensemble de ces travaux pour la période médiévale. Quand on pense à la nature médiévale, on imagine des forêts profondes, des lacs sombres, des dragons et des fées… De cette vision fantasmée d’une nature magique, nous avons d’ailleurs tiré certaines des plus belles pages de la littérature fantastique. Prenant le contre-pied de cette vision onirique, Fabrice Mouthon nous démontre comment le rapport de l’homme à son environnement a pu évoluer au cours de ce long millénaire. De l’effondrement social de la fin de l’Empire romain à la renaissance carolingienne, de l’an mil aux bâtisseurs de cathédrales, l’homme médiéval a considérablement changé de regard. En prenant le temps d’approfondir les sources écrites et archéologiques, l’auteur dévoile des pans d’une histoire que nous ignorons : les tentatives progressives de maîtrise des techniques agricoles, les catastrophes écologiques qui ont bouleversé cet univers, les prémices du droit de l’environnement, la variabilité des paysages… Loin d’une vision malthusienne du Moyen-Âge, dont le développement se serait arrêté à la frontière des ressources naturelles disponibles, nous entrons dans un Moyen-Âge complexe, aux ramifications variées et parfois contradictoires : un Moyen-Âge dont la vision du monde irrigue encore largement la nôtre. Ainsi, l’auteur en vient à toucher à notre propre rapport à l’environnement, remettant en question certaines de nos certitudes sur la modernité des questions environnementales et climatiques. Si le propos est parfois foisonnant, nécessitant de s’attarder quelque peu de temps à autre, le contenu est passionnant pour qui s’intéresse aux problématiques environnementales ou à l’histoire de notre société.