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Économie du bien commun

Jean Tirole Puf, 2016, 550 p., 18 €

Un an après avoir reçu le prix Nobel d’économie, Jean Tirole publie Économie du bien commun, dont l’objectif est de donner à percevoir à un public non spécialiste le rôle des économistes dans la cité : contribuer à la recherche du bien commun, laquelle « passe en grande partie par la construction d’institutions visant à concilier autant que faire se peut l’intérêt individuel et l’intérêt général » (p. 15). Le propos est marqué par un souci de pédagogie, de recul vis-à-vis des débats idéologiques. Il veut ouvrir au dialogue et à la pluridisciplinarité. Pourtant, à bien des égards, le lecteur reste sur sa faim. La définition du bien commun ne garantit pas le souci préférentiel des plus vulnérables, aujourd’hui et demain. L’interrogation éthique est minimisée sous prétexte que « ce que nous tenons pour moral fluctue dans le temps » (p. 58), l’essentiel étant de corriger les imperfections du marché. Les défis écologiques sont réduits à une proposition concernant la fixation d’un prix du carbone, les deux chapitres concernant l’économie numérique balaient les enjeux relatifs aussi bien à la destruction des emplois qu’à l’épuisement des minerais. En fait de pluridisciplinarité, l’économiste néoclassique cite essentiellement des études de psychologie comportementale, mais aucune mention n’est faite ni des économistes dits hétérodoxes ni des apports des philosophes, anthropologues, politologues, historiens et géographes, quant au fonctionnement de nos sociétés et aux modalités désirables du vivre ensemble. On ne peut que penser au diagnostic posé par le pape François, critique de la vision conciliatrice « gagnant-gagnant » qui anime fréquemment les acteurs économiques et qui traverse l’ouvrage : « Les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. »

Cécile Renouard
7 novembre 2016
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