Ce livre m’a agacé. Un homme, assurément efficace, humain, intelligent, doué pour les relations humaines et qui a sans aucun doute tiré d’affaire plus d’un de ceux qu’il appelle « les gars », raconte son expérience de visiteur de prison. Chef d’entreprise, il sait, il a raison par essence – à la différence des intellectuels qui, c’est bien connu, restent dans les salons histoire de compliquer les choses par pur plaisir. Le ton est racoleur pour dénoncer ceux qui ne font que des « conneries » à en « tomber sur le cul ». Autre source d’agacement : une bonne connaissance du milieu carcéral, mais qui fait semblant d’en savoir plus (non, vous ne trouverez pas le directeur de l’administration pénitentiaire place Vendôme, pour la double et bonne raison que c’est aujourd’hui une dame et qu’elle se trouve rue du Renard). Plus grave, la loi d’août 2014, loi fondamentale, innovante, intéressante, est très mal connue : l’un de ses moments les plus audacieux, l’invention d’une peine sans aucune référence à la prison, la contrainte pénale, n’est tout simplement pas compris. L’auteur est tout heureux de constater qu’il ne sait pas ce que signifie le label « RPE » affiché sur le mur d’un établissement – alors que cette labellisation de conformité aux « règles pénitentiaires européennes » a été l’outil le plus efficace mis en œuvre pour mobiliser les personnels et donner un nouvel élan à l’administration pénitentiaire. Reste beaucoup d’anecdotes qui donneront à ceux qui ne le connaissent pas une vue non déformée du milieu carcéral. Reste aussi un abécédaire et, chose très rare, une remarquable analyse du métier d’avocat pénaliste. Mais la dernière partie, celle des propositions, ne reprend que des évidences et est finalement très marquée idéologiquement par un homme qui pense sans doute qu’il échappe à toute idéologie… puisqu’il est sur le terrain.