La multiplication des acteurs pour la formulation et l’application des politiques publiques engendre une fragmentation des responsabilités. Or, en même temps, la pression citoyenne est forte pour une réelle responsabilisation des praticiens de la politique. Les chroniques d’acteurs de terrain et de chercheurs rassemblées dans ce livre tendent à cerner la définition d’une responsabilité collective « qui permettra de répondre aux enjeux d’une action publique devenue complexe ». Le premier chapitre décrit les évolutions de la gouvernance politique dans le monde. On y lira, en particulier, l’article de Jan Aart Scholte sur le lien entre mondialisation, polycentrisme des relations internationales et gouvernance mondiale, ou l’entretien avec Manuel F. Montes qui insiste sur l’état de non-droit qui règne dans le système économique international. Le deuxième chapitre dessine une cartographie des nouveaux acteurs de cette responsabilité : citoyens, ONG, collectivités locales… Deux contributions s’y distinguent : l’article de Gabriella Coleman sur les Anonymous, et celui de Xuefei Ren sur la crise fiscale urbaine aux États-Unis, en Chine et en Inde et la question du pouvoir des gouvernements des villes globales. Le troisième chapitre (sur la fabrique collective de la responsabilité) contient un travail de grande qualité sur la justice transitionnelle (au Rwanda, en Afrique du Sud et en Tunisie) de Kora Andrieu. La dernière partie, enfin, engage le lecteur sur la question de la légitimité de la responsabilité collective et sur la responsabilité commune mais différenciée à établir face au changement climatique, avec une bonne contribution de Pablo Solón, et sur la lutte contre la corruption du local à l’international, avec Joy Saunders. Comme nombre d’ouvrages collectifs, a fortiori sur un thème aussi vaste, Les chroniques de la gouvernance 2015 brassent souvent très large, au risque de perdre le lecteur. Néanmoins, les Éditions Charles Léopold Mayer publient ici un livre utile à la compréhension des leviers de l’action publique, rappelant comment la responsabilisation des acteurs politiques est un combat de tous les jours.