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L’énergie des esclaves. Le pétrole et la nouvelle servitude

Andrew Nikiforuk Écosociété, 2015 [trad. de l’anglais par Hugo Hardy], 280 p., 20 €

L’énergie des esclaves est d’abord un livre d’histoire, fort instructif, sur l’esclavage et sur la saga des combustibles fossiles. Mais le parallèle entre deux sujets si dissemblables va bien au-delà de la métaphore facile. Ce que Andrew Nikiforuk veut montrer, c’est à quel point les sociétés humaines sont asservies à leurs sources d’énergie. L’observation a souvent été faite que la fin de l’esclavage a coïncidé avec la révolution du charbon et du pétrole, mais il est encore plus troublant de constater que le combat abolitionniste ne s’est guère développé avant que le progrès technique ne fasse de l’abolition une quasi-nécessité économique. Citations à l’appui, A. Nikiforuk expose toute la schizophrénie des sociétés esclavagistes, obligées de justifier une pratique profondément contraire aux valeurs qu’elles s’efforçaient de promouvoir, convaincues qu’elles étaient de l’impossibilité de faire autrement pour maintenir leur niveau de vie. Pour être d’une nature fort différente, les contradictions résultant de notre addiction aux énergies fossiles ne sont pas de moindre ampleur. Les preuves qui s’accumulent du caractère non durable d’une abondance fondée sur leur exploitation ne peuvent rien contre un « réalisme » économique qui conduit nombre d’hommes politiques et de commentateurs à se réjouir de la baisse des prix du pétrole. Comme les esclavagistes d’antan, nous sommes englués dans un mode de vie et une organisation sociale qui semblent nous pousser au déni et à la fuite en avant. Sans surprise, L’énergie des esclaves se conclut par un plaidoyer pour la sobriété : « La recherche d’un mode de vie approprié mène aujourd’hui les esprits rationnels dans une seule et même direction : la diminution de notre consommation en pétrole et en énergie de production à grande échelle. »

Bernard Perret
27 janvier 2016
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