Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !
Logo du site

Non-assistance à peuple en danger. Chômage, précarité, logement… La crise s’aggrave, ils ne font rien !

Pierre Larrouturou Fayard, 2015, 180 p, 12 €

« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ! » C’est un nouveau cri d’alarme que Pierre Larrouturou lance dans son dernier essai, Non-assistance à peuple en danger, qui tombe à pic après les événements de novembre 2015. Le diagnostic de l’auteur sur la crise que traverse notre pays et, plus largement, le monde occidental est connu depuis ses premières publications sur le sujet (2009) : tout miser sur le retour de la croissance est une illusion que beaucoup reconnaissent sans que le discours officiel ne varie d’un iota. Pendant ce temps, nos sociétés souffrent et se délitent de l’intérieur sous l’effet du chômage et de la précarité qui rongent le moral de la jeunesse, dont une partie s’abandonne au désespoir de la violence. Est-il encore possible de redresser la barre ? Il faudrait, selon Larrouturou, regarder la réalité en face, une réalité  bien pire que celle des discours et des déclarations sans lendemain, et expliquer les actions entreprises qui heurteront nécessairement des intérêts établis – les dividendes reversés par le CAC40 ont augmenté de 30 % en 2014, plaçant la France en tête de la zone euro pour la rémunération des actionnaires. Partant de 37 % en 1995, le, taux moyen d’impôt sur les bénéfices des sociétés a été ramené en quelques années à 25 % en Europe (contre 40 % aux États-Unis). La Banque centrale européenne a prévu de créer 1200 milliards d’euros de masse monétaire d’ici fin 2016. Mais cet argent risque d’alimenter la spéculation bancaire plutôt que d’être au service de l’économie réelle pour protéger les salariés, éviter les licenciements (grâce à l’intensification du chômage partiel), lutter contre la spéculation en séparant vraiment banques de dépôts et banques d’affaires, protéger les PME en renforçant leur trésorerie et en leur réservant un tiers des commandes publiques, investir massivement dans le logement pour créer des emplois et faire baisser les loyers en investissant, à l’instar des Pays-Bas qui consacrent à la construction de logements sociaux les 37 milliards du Fonds de réserve pour les retraites actuellement exposés aux fluctuations du marché. Mais un sursaut suppose une volonté politique. « A priori c’est mal parti, mais on n’a pas le droit de se résigner. Quelques mois avant la chute du mur de Berlin, les spécialistes prévoyaient qu’il durerait encore au moins cinquante ans. Or, écrit Vaclav Havel quelques jours après la chute du Mur, ‘le peuple s’est réveillé avec une rapidité bouleversante. Il veillait. Il attendait le moment propice. Tous ceux qui n’avaient pas peur, tous ceux qui ne mentaient pas dans leur vie quotidienne ont apporté leur contribution. Chacun de nous peut changer le monde. Même s’il n’a aucun pouvoir, même s’il n’a pas ‘la moindre importance’, chacun de nous peut changer le monde.’ »

Bertrand Hériard Dubreuil
13 janvier 2016
* Champs requis
Séparé les destinataires par des points virgules