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Capitalismes agraires. Économie politique de la grande plantation en Indonésie et en Malaisie

Stéphanie Barral Les Presses de Sciences Po, 2015, 240 p., 24 €

Si les grandes plantations sont présentes dans la plupart des pays d’Asie du Sud, l’Indonésie et la Malaisie se singularisent en concentrant 80 % de la production mondiale d’huile de palme. Les ressorts économiques de cette expansion sont bien documentés (forte productivité à l’hectare, prix soutenus sur les marchés internationaux, faible coût de la main- d’œuvre) ; les ressorts politiques et sociaux le sont moins. Ces derniers sont analysés par la sociologue Stéphanie Barral qui procède, dans les deux premiers chapitres, a une remarquable mise en perspective historique. Elle montre comment la domination économique de l’Indonésie et de la Malaisie dans la filière est liée à leur projet développementaliste autoritaire, notamment fondé sur l’industrialisation et le contrôle du territoire. À la suite du processus de libéralisation des années 1980, les grandes firmes se sont imposées comme les premiers acteurs de ce changement : en Indonésie, les surfaces qu’elles exploitent sont passées de 400 000 ha dans les années 1970 à plus de 5 millions aujourd’hui. Elles emploient plus d’un million d’ouvriers permanents et autant d’ouvriers temporaires. Cependant, malgré des similitudes, il y a bien deux formes distinctes de capitalisme agraire, en raison de projets nationaux différents. Les régulations nationales, pour le travail comme pour le foncier, y sont déterminantes, plus que les normes privées volontaires issues d’initiatives internationales. Le dernier chapitre étudiant le quasi-échec de la certification volontaire (via la Roundtable on Sustainable Palm Oil, RSPO) est éclairant sur ce point. Enfin, l’observation des relations salariales au sein de grandes plantations indonésiennes de palmiers à huile permet d’articuler le niveau national (notamment le projet de stabilisation des populations migrantes et la mise au pas des syndicats) et le niveau individuel. À propos de l’encadrement des ouvriers, l’auteure peut parler d’un « paternalisme de plantation ».

Jean Vettraino
21 janvier 2016
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