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Une revue bimestrielle, exigeante et accessible, au croisement entre le monde de la recherche et les associations de terrain.

Penser et agir avec la nature : une enquête philosophique

Catherine et Raphaël Larrère La Découverte, 2015, 280 p., 23 €

À l’aune de la crise écologique, Catherine et Raphaël Larrère, philosophe et sociologue, réinterrogent les liens entre la société et la nature. Dans la continuité de leurs ouvrages précédents, ils repolitisent « l’agir environnemental » pour montrer combien le dualisme entre l’homme et la nature est social et lié à notre modèle occidental. Combien la frontière nature/société est une construction sociale actuelle, à redéfinir pour mieux appréhender et affronter la crise écologique. Ils proposent donc tout à la fois une recension et une approche critique des auteurs de l’écologie politique. Dans un premier temps, leur regard se porte sur les éthiques environnementales. Les auteurs leur reprochent d’opposer de façon manichéenne l’homme et la nature et mettent en avant les atouts de la notion de « biodiversité ». Dans la continuité des travaux de Philippe Descola, ils invitent à prendre en compte à la fois la diversité des rapports à l’environnement et la diversité des natures, tout à la fois ordinaires et remarquables. Une réflexion est ensuite menée sur la technique. À un dogmatisme technophobe est opposée une conception plus constructive de la technique, qui ne serait pas oublieuse de la nature et qu’on pourrait qualifier de « faire avec ». L’objectif n’est pas de manipuler la nature mais de s’inspirer de processus naturels pour assurer la résilience des écosystèmes. Une troisième partie est enfin consacrée aux échelles d’action et de pouvoir sur la nature. S’interrogeant sur le niveau d’action pertinent pour lutter contre les problèmes environnementaux, les auteurs soulignent l’insuffisance de l’agir global dans sa forme actuelle et l’impuissance de l’agir local malgré de nombreuses initiatives. Le travail d’anthologie mené dans cet ouvrage est exhaustif, mais il peut perdre le lecteur, qui aura des difficultés à saisir toutes les références (souvent implicites). On regrettera certains passages trop rapides, comme celui sur le catastrophisme, qui ne vont pas au bout du raisonnement amorcé. Les auteurs ont toutefois le mérite d’ouvrir un grand champ de réflexion qu’il est plus que temps d’explorer.

Clémence Guimont
2 septembre 2015
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