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La fin d’un grand partage. Nature et société, de Durkheim à Descola

Pierre Charbonnier CNRS Éditions, 2015, 314 p., 25 €

La publication, il y a dix ans, de Par-delà nature et culture, de Philippe Descola, marquait un tournant significatif en anthropologie. L’opposition constitutive de la discipline, et plus encore de la modernité, entre nature et culture, était enfin dépassée. Or cet événement intellectuel s’inscrit dans la longue histoire des sciences sociales en France et vient questionner les autres champs du savoir. Aussi Pierre Charbonnier nous propose-t-il une enquête historique et épistémologique sur l’origine de ce « grand partage » et sur son évolution, dans une démarche à mi-chemin entre philosophie et sciences sociales. Fruit d’un travail de thèse, La fin d’un grand partage suit un plan très clair et didactique. L’ouvrage est découpé en quatre chapitres, comme autant de moments décisifs, autour de quatre géants : Émile Durkheim, Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss et Philippe Descola, même si d’autres auteurs sont présents, tels Maurice Leenhardt ou Maurice Godelier. Il ressort de cette mise en série que le social ne peut se penser sans la nature, même si ce fut d’abord dans l’opposition à celle-ci. L’approche généalogique choisie permet aussi de suivre, à travers le siècle, l’évolution de concepts tels que le totémisme. Surtout, l’on perçoit clairement comment l’anthropologie sort progressivement des ornières de son projet initial. Malgré une superposition entre culture et société, l’auteur remplit pleinement son objectif et apporte dans le paysage une étude qui manquait et une invitation à la réflexion philosophique.

Sébastien Carcelle
12 juin 2015
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