Habitat et transition énergétique
François Rochon (dir.) L’Harmattan, 2014, 210 p., 22 €La transition énergétique dans l’habitat ne saurait se résumer à un objectif de performance thermique. Tel est le constat de cet ouvrage, qui rassemble et prolonge les interventions des « Rencontres nationales du logement », dans le cadre du Débat national sur la transition énergétique. Des contributions plurielles, au croisement de l’expérience et de l’expertise technique, politique et socio-anthropologique, certes plus ou moins intéressantes, mais bien mises en cohérence. On relèvera ici une attention particulière à quelques points forts. Ainsi la transition énergétique est-elle envisagée comme moyen et non comme fin, une période intermédiaire évoluant au gré des expériences menées ici et là. La réflexion s’arrête aussi sur l’articulation entre l’habitat – conçu au-delà du logement pour embrasser l’aménagement du territoire – et les enjeux environnementaux, avec un rôle déterminant reconnu aux pratiques et aux habitants, qui passent du statut de « consommateurs passifs » à celui de co-constructeurs. L’écologie est dès lors perçue comme une solution face à la crise du logement, y compris pour les plus précaires, et l’habitat comme une stratégie face à la crise environnementale. Le « chez-soi » est donné à voir comme le lieu d’appropriation des enjeux énergétiques : il est le « laboratoire des modes de vie individuels et collectifs ». Le lieu où un changement des représentations et de l’imaginaire est possible, devenant le terreau d’une citoyenneté écologique. Les auteurs regrettent, en conclusion, de ne pas avoir pu poser un modèle général pour la transition dans l’habitat. On comprend cependant, à travers ces récits d’expériences, que chacune d’entre elles tire également sa réussite de la prise en compte des caractéristiques spécifiques du territoire, du jeu d’acteurs, de la situation légale… Doit-on vraiment trouver un modèle reproductible ? L’enjeu est bien de chercher une unité, non de créer l’uniformité.
4 février 2015