La philanthropie
Alexandre Lambelet Presses de Sciences Po, 2014, 108 p., 14 €Dans une approche synthétique et particulièrement pédagogique, Alexandre Lambelet propose un regard critique sur la philanthropie hier et aujourd’hui. Au-delà de la diversité de ses formes et de ses motivations – parfois remarquables –, celle-ci est présentée comme un instrument de contestation de la démocratie représentative et un outil de reproduction du capital. Loin d’être assimilable à la charité ou à l’action désintéressée, la philanthropie défie les pouvoirs publics : refusant de faire preuve de « patience civique » et de laisser à l’État « le monopole de l’intérêt général », les philanthropes utilisent ce levier pour revendiquer l’importance de contre-pouvoirs indépendants et efficaces. L’auteur analyse ainsi le développement de la philanthropie depuis le XIXe siècle dans différents pays, notamment à travers la multiplication, la mise en réseau et la professionnalisation des fondations. Inscrites dans un schéma de pensée libéral, les fondations sont parvenues à s’imposer, y compris dans les pays sociaux-démocrates, les poussant à adapter leur législation et leur fiscalité. Grace à leur expertise thématique et utilisant de nombreux outils, elles jouent une partition particulière dans la construction de politiques publiques, s’opposant parfois aux associations ou aux mouvements sociaux.
Pour aller plus loin
- [Nous avons lu] Olivier Zunz, La philanthropie en Amérique. Argent privé, affaires d’État, Fayard, 2012
- Matthieu Calame, « Niche fiscale : attention, chien gentil ! », Revue-Projet.com, 20/09/2014
3 février 2015